Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/334

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que ce pacte comprend toutes ensemble ; il est manifeste que le sujet qui renonce à cette générale convention de l’obéissance, renonce en même temps à toutes les lois de la société civile. Ce qui est un crime d’autant plus énorme que quelque autre offense particulière, que l’habi­tude de faillir perpétuellement est bien moins pardonnable qu’une simple com­mission de quelque faute. Et c’est là proprement le péché qu’on nomme crime de lèse-majesté, que je définis une action ou un discours par lequel un citoyen ou un sujet déclare, qu’il n’a plus la volonté d’obéir au prince ou à la cour que l’État a élevée à la souve­raineté, ou dont il lui a commis l’administration. Cette mau­vaise volonté se mani­feste par les actions, lorsqu’un sujet fait violence, ou tâche de la faire à la personne du souverain ou de ses ministres, comme il arrive aux traîtres et aux assassins, et à ceux qui prennent les armes contre l’État, ou qui pendant la guerre se jettent dans le parti des ennemis. Elle paraît dans les paroles, lorsqu’on nie directe­ment qu’on soit tenu en son particulier à cette obéissance, ou que les autres y soient obligés, soit que l’on ôte tout à fait cette obéissance, comme font ceux qui diraient simplement, absolument et universellement, qu’il ne faut obéir à personne, ne réservant que l’obéissance que nous devons à Dieu, soit qu’on en retranche une partie, comme si l’on disait, que le souve­rain n’a