Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/337

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péchés contre la loi civile, quand la peine est définie par la loi, si on la souffre volontiers ; et que ceux qui y ont satisfait par leur supplice, ne sont plus coupables devant Dieu pour avoir transgressé la loi de nature (bien qu’il soit vrai qu’on enfreint la civile en transgressant cette dernière qui en commande l’observation) ; comme si la loi ne défendait pas l’action, mais propo­sait seulement la peine en forme de récompense et vendait à ce prix-là la permission de mal faire. Par la même raison, ils pourraient inférer aussi, qu’aucune transgression de la loi n’est péché ; mais que chacun doit jouir légitimement de la liberté qu’il a achetée à ses propres dépens. Sur quoi il faut savoir que les termes de la loi peuvent être interprétés en deux sens. En l’un, comme contenant deux parties (ainsi qu’il a été dit en l’article VII), à savoir la prohibitoire qui défend absolument, tu ne feras point une telle chose ; et la vindicative, celui qui fera une telle chose encourra une telle peine. En l’autre, la loi ne contient qu’un sens conditionnel, par exemple : vous ne ferez point une telle chose, si vous ne voulez encourir une telle punition. Et ainsi elle ne défend pas simplement, mais conditionnellement. Si on l’interprète de la première façon, celui qui commet l’action pèche, parce qu’il fait ce que la loi a défendu. Mais en l’autre il ne demeure point coupable, pour ce qu’on n’a pas défendu la chose à celui qui en accomplit la condition : au