Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/341

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point contraire à la loi divine. D’où il arriverait nécessairement, ou que par une trop grande obéissance au bras séculier et à la puissance temporelle, nous serions rebelles envers la majesté divine, ou que par la crainte d’offenser Dieu, nous tombe­rions dans la félonie et mépriserions les ordonnances de l’État. Afin donc d’éviter ces deux écueils, il est nécessaire que nous connaissions quelles sont les lois divines ; mais parce que la connaissance des lois dépend de celle du royaume, il faut qu’au reste de cet ouvrage nous parlions du règne de Dieu.


II. Le prophète royal David au psaume 97. verset 1. dit : l’Éternel règne, que la terre s’en égaie ; et au psaume 99. verset 1. le même psalmiste ajoute : l’Éternel règne, que les peuples tremblent, il est assis entre les chérubins, que la terre soit ébranlée. En dépit que les hommes en aient, Dieu est roi de toute la terre, et bien qu’il s’en trouve de si insolents qu’ils nient son existence ou sa providence, leur témérité pour­tant ne peut pas le chasser de son trône. Mais quoique Dieu gouverne tellement les hommes par sa providence, qu’aucun ne saurait rien exécuter contre sa volonté ou sans permission, ce n’est pas néanmoins en cela qu’il est dit régner proprement et en une signification exacte ; car ce n’est pas le gouvernement qui s’exerce en agissant qu’on nomme régner, mais celui qui se pratique de bouche par l’autorité des com­mandements, et par la crainte des menaces.