Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/348

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hommes sont obligés de lui obéir à cause de leur imbécillité *. Car, l’obligation qui naît du pacte, dont il a été parlé au deuxième chapitre, ne peut pas avoir lieu ici, où le droit de commander vient de la nature, sans qu’il soit intervenu aucune convention. Or, il y a deux sortes d’obligation naturelle ; l’une, où la liberté est ôtée par des empêchements corporels, suivant laquelle nous disons que le ciel, la terre et toutes les créatures obéissent aux lois communes de leur création. L’autre, où la liberté est ôtée par l’espérance et par la crainte ; suivant laquelle le plus faible ne peut point désobéir au plus fort auquel il désespère de pouvoir résister. De cette seconde sorte d’obli­ga­tion, c’est-à-dire, de la crainte, ou de la connaissance de notre propre faiblesse (com­parée à la puissance divine) vient que nous sommes obligés d’obéir à Dieu sous son règne par la nature : car la raison enseigne à tous ceux (lui confessent la puissance de Dieu, et qui admettent sa providence, qu’il ne faut pas regimber contre l’aiguillon.


Remarque :

  • [A cause de leur imbécillité.] « Si la chose semble rude à quelqu’un, je le prie de considérer à part soi, s’il y avait deux tout-puissants, lequel des deux serait tenu d’obéir à l’autre. Je crois qu’il m’avouera que ni l’un ni l’autre le devrait céder à son compagnon. Si cela est vrai, ce que j’ai avancé est vrai aussi, que les hommes sont soumis à Dieu à cause qu’ils ne sont pas tout-puissants. Et en effet, notre Sauveur admonestant saint Paul (qui en ce temps-là était ennemi de l’Église) de ne pas regimber contre l’aiguillon, ne semble exiger de lui obéis­sance, qu’en considération du peu de forces qu’il avait pour lui résister. »


VIII. D’autant que la parole de Dieu régnant par la se