Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/366

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celles qui regardent la justice, et les mœurs des hommes les uns envers les autres, j’ai fait voir par ce que j’ai touché ci-dessus de la constitution des États, qu’il était raisonnable que tous les jugements fussent entre les mains de la république ; et que les jugements n’étaient autre chose que l’interprétation des lois ; d’où j’ai tiré cette conséquence, que les États, c’est-à-dire ceux qui ont la souveraine puissance dans les républiques, étaient les interprètes des lois en tous les endroits de la terre où la politique s’exerce. Touchant les lois sacrées, il faut ici considérer derechef ce que j’ai démontré ci-devant au cinquième chapitre, article XIII, que chaque citoyen a transféré de son droit à celui ou à ceux qui commandent, dans l’État, autant qu’il a pu en transférer. Or, rien n’a empêché qu’il n’ait transporté le droit de déterminer la manière en laquelle il faut honorer Dieu. D’où je conclus que le transport en a été fait réellement. Mais que chaque particulier ait eu cette puissance, il est manifeste de ce que la façon d’honorer Dieu avant l’établissement de la société civile devait être prise du raisonnement de chaque personne privée. Or, rien n’empêche que chacun soumette sa raison privée à la générale de l’État. D’ailleurs, si chacun suivait sa propre fantaisie en l’honneur qu’il rend à Dieu, par une si grande diversité d’adorateurs, l’un estimerait le culte de l’autre indécent, ou même impie et l’un ne semblerait