Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/429

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XI. Au reste, parce que notre Sauveur n’a indiqué aucunes lois aux sujets touchant le gouvernement de l’État, outre celles de la nature, c’est-à-dire, outre le commande­ment d’une obéissance civile, ce n’est pas à aucun particulier de déterminer nommé­ment quels sont les amis, et quels sont les ennemis de la république, quand c’est qu’il faut déclarer la guerre, traiter une alliance, et faire la paix ou la trêve ; ni à définir quelles sont les personnes pernicieuses à l’État, quels sont ceux dont l’autorité doit être suspecte, quelles sont les doctrines et les mœurs, quels sont les discours, et quels sont les mariages desquels le publie peut recevoir du dommage ou de l’utilité. Mais l’on doit apprendre toutes ces choses, et autres semblables de la voix publique, je veux dire, de la bouche des souverains, lorsqu’il faut s’en éclaircir.


XII. De plus, toutes ces choses, dresser des fortifications, bâtir des maisons, édifier des temples, remuer ou transporter quelques grands fardeaux, traverser des mers sans péril, fabriquer des machines à toutes sortes d’usages de la vie, tailler des cartes géographiques par lesquelles on connaisse toute la face de la terre, considérer le mouvement des astres et le cours des saisons, éclaircir les difficultés de la chrono­logie, et tâcher de pénétrer dans les secrets de la nature ; s’instruire pleinement du droit naturel et du civil ; et en un mot, se remplir l’âme de toutes les sciences qui sont comprises sous