Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/437

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XVI. Cela étant, la sainte Écriture, que nous reconnaissons inspirée divinement, est tout entière parole de Dieu en la deuxième acception de ce terme ; et une infinité de ses passages le sont en la première. Et puisque sa plus considérable partie s’occupe à prédire et à préfigurer le royaume céleste avant l’incarnation de Jésus-Christ, ou à l’expliquer et à évangéliser après sa venue, la troisième acception ne lui convient pas mal, en laquelle ce mot de parole de Dieu se prend pour un discours qui traite de matières divines, c’est-à-dire, pour l’Évangile. De sorte qu’en tout sens l’Écriture sainte est la parole de Dieu, et par conséquent aussi la règle et le canon de toute la doctrine évangélique. Mais, parce qu’on lit dans cette même Écriture quantité de choses qui sont de matière politique, historique, morale, physique, et de tels autres sujets qui ne touchent point du tout aux mystères de la foi, bien que ces passages-là contiennent une vraie doctrine et servent de canon en ce dont ils traitent, ils ne peu­vent pourtant pas être pris pour règle, ni être nommés canon des mystères de la religion chrétienne.


XVII. Et certes, ce n’est pas la lettre ni le son de la parole de Dieu, qui sert de canon de la doctrine chrétienne, mais le vrai et naturel sens qu’elle contient : car, en effet, l’âme n’est instruite par les Écritures saintes qu’en tant qu’elles sont entendues. Si bien qu’elles ont besoin