Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/438

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d’interprète afin de devenir canoniques. D’où l’une de ces deux choses s’ensuit, ou que le discours de l’interprète est parole de Dieu, ou que cette parole n’est pas le canon de la doctrine chrétienne. Mais il faut nécessairement que cette dernière proposition soit fausse. Car, une doctrine qui ne peut être comprise par aucune raison humaine, et qui demande la révélation divine, ne peut recevoir de règle qui ne soit de cette même nature. Et il est impossible de tenir l’opinion d’une personne, qui ne peut savoir, à notre avis, si une certaine doctrine est vraie ou fausse, pour règle de cette même doctrine qu’elle ignore. La première donc de ces deux propositions est vraie, que le discours du docteur ou de l’interprète des Écritures saintes est parole de Dieu.


XVIII. Or, l’interprète, à l’opinion duquel on fait cet honneur que de la recevoir comme parole divine, n’est pas celui qui traduit du grec et de l’hébreu l’Écriture à ses auditeurs, la leur faisant entendre en latin, en français, ou en quelque autre langue vulgaire : car, ce n’est pas là proprement interpréter. La nature d’une langue est telle en général, qu’encore qu’il mérite le premier rang entre les signes dont nous nous servons pour découvrir aux autres nos pensées, néanmoins il ne peut pas tout seul s’acquitter de cette charge, et il a besoin du secours de quantité de circonstances. En effet, la vive voix est