Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/76

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naturel, soit une bonne chose. Ce qui fait que, par une crainte mutuelle, nous désirons de sortir d’un état si incommode, et recherchons la société ; en laquelle s’il faut avoir de guerre, du moins elle n’est pas sans secours, ni de tous contre tous.


XV. On cherche des compagnons qu’on s’associe, de vive force, ou par leur con­sen­tement. La première façon s’exerce quand le vainqueur contraint le vaincu à le servir par la crainte de la mort, ou par les chaînes dont il le lie. La dernière se prati­que lorsqu’il se fait une alliance pour le mutuel besoin que les parties ont l’une de l’autre, d’une volonté fraîche et sans souffrir de contrainte. Le vainqueur a droit de con­traindre le vaincu, et le plus fort d’obliger le plus faible (comme celui qui se porte bien d’obliger le malade, et l’homme fait de contraindre un jeune garçon) s’il n’aime mieux perdre la vie, à lui donner des assurances pour l’avenir qu’il se tiendra dans l’obéissance. Car puisque le droit de nous protéger nous-mêmes selon notre fantaisie vient des dangers auxquels nous sommes exposés, et que ces dangers naissent de l’égalité qui est entre nous, il semble plus conforme à la raison, et un expédient bien plus court pour notre conservation, en nous servant de l’occasion présente, de pour­voir à notre sûreté par une judicieuse précaution, que d’attendre que ces personnes-là mal intentionnées soient remises en santé, ou venues