Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/77

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en âge de se soustraire à notre puissance, ce qui nous obligerait de tenter par l’incertitude du combat une nouvelle victoire. Certainement il ne se peut rien imaginer de plus absurde, que de laisser prendre de nouvelles forces à celui qu’on tient tout faible sous sa puissance, et qui les ayant recouvrées s’en servirait infailliblement à notre ruine. D’où cette conclusion est manifeste que je tire en forme de corollaire des démonstrations précédentes, qu’en l’état naturel des hommes, une puissance assurée, et qui ne souffre point de résistance, confère le droit de régner et de commander à ceux qui ne peuvent pas résister : de sorte que la toute-puissance possède essentiellement et immédiatement le droit de faire tout ce que bon lui semble.


XVI. Toutefois à cause de cette égalité de forces, et d’autres facultés, qui se trouve parmi les hommes en l’état de nature, c’est-à-dire en l’état de guerre, personne ne peut être assuré de sa conservation, ni espérer d’atteindre à une bien longue mesure de vie. C’est pourquoi je mets au rang des lois naturelles ce que je m’en vais montrer au chapitre suivant, que la droite raison nous enseigne de chercher la paix, dès qu’il y a quelque espérance de la rencontrer, ou de nous préparer à la guerre, lorsqu’il nous est impossible de l’obtenir.