Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/83

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la paix, ou de nous préparer à la défense.


III. C’est une des lois naturelles qui dérivent de cette fondamentale, qu’il ne faut pas retenir Le droit qu’on a sur toutes choses, mais qu’il en faut quitter une partie, et la transporter à autrui. Car si chacun retenait le droit qu’il a sur toutes choses, il s’ensuivrait nécessairement, que les invasions et les défenses seraient également légi­ti­mes (étant une nécessité naturelle que chacun tâche de défendre son corps, et ce qui fait à sa conservation) et, par ainsi, on retomberait dans une guerre continuelle. Il est donc contraire au bien de la paix, c’est-à-dire, à la loi de nature, que quelqu’un ne veuille pas céder de son droit sur toutes choses.


IV. Mais celui-là quitte son droit, qui simplement y renonce, ou qui le transporte à autrui- La simple renonciation se fait lorsque quelqu’un déclare suffisamment, qu’il ne veut plus se réserver la permission de faire une chose qui lui était licite auparavant. Le transport du droit se fait lorsque, par des signes valables, on donne a connaître à autrui qu’on lui cède ce qu’il est content de recevoir, et qu’on se dépouille, en sa fa­veur, du droit qu’on avait de lui résister en certaines occasions. Or que la transaction du droit consiste en la seule privation de la résistance, on le peut assez comprendre, de ce qu’avant le transport, celui à qui elle est faite avait déjà le droit sur toutes choses ; de sorte