Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/84

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qu’il n’acquiert rien de nouveau ; aussi n’est-il pas en la puissance du transacteur de lui donner aucun titre, et il ne fait que laisser, à celui auquel il trans­fère, la possession de son ancien droit libre et non contestée. Cela étant, en l’état naturel des hommes, ceux qui acquièrent quelque droit ne le font qu’à cette fin de pou­voir jouir de l’ancien et originaire sans aucun trouble, et à couvert de toute vexa­tion légitime. Par exemple : si quelqu’un vend ou donne sa terre à un autre, il en quitte le droit, mais il n’y fait pas renoncer tous ceux qui y auraient des prétentions.


V. En une transaction, il faut que la volonté de l’acceptant concoure avec celle du transacteur. Si l’un ou l’autre manque, la transaction est nulle, et le droit demeure comme auparavant. Car si j’ai voulu donner mon bien à une personne qui l’a refusé, je n’ai pourtant pas renoncé simplement à mon droit, ni n’en ai pas fait transport au premier venu. La raison pour laquelle je le voulais donner à celui-ci, ne se rencontre pas en tous les autres.


VI. En quittant, ou en transférant son droit, il faut que les signes par lesquels on déclare cette volonté, si ce ne sont que des paroles, soient conçus en termes du présent ou du passé, car elles ne transfèrent rien en termes du futur. Par exemple : celui qui dit « je donnerai demain » déclare ouvertement qu’il n’a pas encore donné. Il conservera donc son droit tout aujourd’hui, et demain aussi, en cas que sa donation ne sorte pas à