Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elles obligent. Car là où la liberté cesse, là l’obligation commence.


XI. Les pactes qui se font en un contrat, où il y a une confiance réciproque, au délai qui se fait de l’accomplissement des promesses, sont invalides en l’état de nature, * si l’une des parties a quelque juste sujet de crainte. Car celui qui accomplit le premier sa condition, s’expose à la mauvaise foi de celui avec lequel il a contracté ; tel étant le naturel de la plupart des hommes, que, par toutes sortes de moyens, ils veulent avancer leurs affaires. Et il ne serait pas sagement fait à quelqu’un, de se mettre le premier en devoir de tenir sa promesse, s’il y a d’ailleurs quelque apparence que les autres ne se mettront pas à son imitation en la même posture. Or c’est à celui qui craint, de juger de cette vraisemblance, comme je l’ai fait voir en l’art. IX du chapitre précédent. Mais si les choses vont de la sorte en l’état de nature, il n’en est pas ainsi en celui de la société civile, où il y a des personnes qui peuvent contraindre les réfractaires, et où celui qui s’est obligé par le contrat à commencer, peut hardiment le faire, à cause que l’autre demeurant exposé à la contrainte, la raison pour laquelle il craignait d’accomplir sa condition, est ôtée.


Remarque :

  • [Si l’une des parties, etc.] « Car s’il n’y a quelque nouvelle cause de crainte, qui paraisse en quelque action, ou en quelque autre signe, de la mauvaise volonté de la