Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/93

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extrême, et auquel, quand nous sommes parvenus, nous fuyons le mal de toute notre puissance par une nécessité si naturelle, qu’il n’y a point du tout moyen d’y résister. Ainsi il ne faut pas attendre, qu’en ce degré de crainte, nous ne travaillions à notre salut par la fuite, ou par la résistance. Puis donc que personne n’est tenu de faire ce qui est impossible, ceux qu’on menace de mort (qui est le plus grand mal de la nature) ou à qui on fait peur de quelque blessure, ou de quelque autre dommage, qui ébranle leur confiance, ne sont pas obligés de supporter ces injures sans aucun ressentiment. D’ailleurs on se fie à celui avec lequel on a fait quelque convention (car la bonne foi est le seul bien de ceux avec qui on a fait des pactes) ; cependant on tient liés, et on environne d’archers, ceux qu’on mène au dernier supplice, ou à qui l’on inflige quelque moindre peine. Ce qui montre que les juges n’estiment pas qu’aucun pacte oblige assez étroitement les criminels de ne pas résister à leur punition. Mais c’est une autre affaire, si je fais ma convention de cette sorte : si je ne tiens ma promesse à certain jour que je vous marque, je vous permets de me tuer. Ou bien si je la conçois de cette autre façon : si je n’ai fait ce que je promets, je ne résisterai point lorsque vous voudrez m’ôter la vie. Tous font ce premier pacte au besoin ; et il échet qu’on emploie en certaines occur­rences. Mais l’autre ne se pratique point, et ne tombe jamais en usage.