Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/94

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Car en l’état purement naturel, si vous voulez tuer quelqu’un, cette sorte d’état vous en donne le droit ; et il n’est pas nécessaire pour l’acquérir qu’on vous manque de parole. Mais en l’état politique, où tout le droit de la vie, et de la mort, et des punitions corporelles est entre les mains du public, ce même droit ne peut pas être accordé à un particulier. Le public n’a pas besoin, en l’exécution de ses arrêts, de s’assurer par aucun pacte de la patience du criminel, mais bien de pourvoir à ce que personne ne le défende. Si en l’état de nature, deux villes, par exemple, convenaient d’exterminer celle qui manque­ra sa promesse, bien entendu que ce pacte ne devra sortir à effet qu’à certain jour assigné ; mais alors, en cas de prévarication, le droit de la guerre retourne, c’est-à-dire on retombe dans un état d’hostilité où toutes choses sont permises, et entre autres, la résistance. Après tout, par cette convention de ne pas résister, on s’oblige à une chose absurde et impossible, qui est de choisir le plus grand des deux maux que l’on pro­pose. car la mort est bien pire que la défense. Ce pacte donc, à vrai dire, n’attache personne, et répugne à la nature des pactes.


XIX. Par la même raison, aucun pacte ne peut obliger quelqu’un à s’accuser soi-même, ou quelque autre, dont la condamnation lui porterait préjudice, et rendrait sa vie moins douce. De sorte que ni le père n’est point