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DE LA NATURE

ſonne agréable, qui ſoit d’un âge & d’une capacité propre à concevoir, avec laquelle, abſtraction faite de tout plaiſir ſenſuel, il puiſſe engendrer & produire la ſageſſe & la vertu. C’eſt-là l’idée que l’on doit ſe faire de cet amour ſage & réglé que Socrate avoit pour le beau & le jeune Alcibiade, en qui ce Philoſophe ne cherchoit qu’à faire germer la ſcience & la vertu, ſentiment bien oppoſé à l’amour vulgaire ; par lequel quoique l’on génere, cependant ce n’eſt pas-là le but que l’on ſe propoſe ; c’eſt uniquement de donner & de recevoir du plaiſir. Ainſi il s’agit dans ce cas de cette charité dont nous parlons, ou du deſir d’être utile & de faire du bien aux autres ; mais pourquoi le ſage doit-il re chercher l’ignorant & montrer. plus de charité à un bel homme qu’aux autres ? Il paroît qu’en cela Socrate ſe conformoit à quelques égards au goût de ſon tems, & quoiqu’il fût très-continent & réglé dans ſes mœurs, cependant un