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Page:Hobbes - De la nature humaine (Trad. Thiry d’Holbach), 1772.djvu/92

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DE LA NATURE

ſçavons qu’il exiſte quelque choſe à préſent qui a le pouvoir de la produire ; or nous ne pouvons concevoir qu’une choſe a le pouvoir d’en produire une autre par la ſuite, que par le ſouvenir qu’elle a produit la même choſe ci-devant. Ainſi toute conception de l’avenir eſt la conception d’un pouvoir capable de produire quelque choſe. Cela poſé, quiconque attend un plaiſir futur doit concevoir en lui-même un pouvoir à l’aide duquel ce plaiſir peut être atteint. Et comme les paſſions dont je parlerai bien tôt conſiſtent dans la conception de l’avenir, c’eſt-à-dire, dans la conception d’un pouvoir paſſé & d’un acte futur, avant d’aller plus loin il faut que je parle de ce pouvoir.

§. 4. Par ce pouvoir j’entends les facultés du corps nutritives, génératives, motrices, ainſi que les facultés de l’eſprit, la ſcience, & de plus, les pouvoirs acquis par leur moyen, tels que les richeffes, le rang, l’autorité, l’amitié, la