Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/109

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qui ne nous font concevoir qu’un son sont ceux que nous appelons Absurdes, Sans signification [et Non sens]. Si quelqu’un par conséquent venait à me parler d’un Carré rond, de la présence de Pain dans le Fromage[1], de Substances Immatérielles, d’un Sujet libre, d’une Volonté libre, ou de quoi que ce soit qui soit Libre (si ce n’est libre du fait d’être délivré d’empêchements), je ne dirais pas qu’il est dans l’Erreur, mais que ses paroles n’ont aucun sens, c’est-à-dire qu’elles sont Absurdes[2].

J’ai dit plus haut [(dans le second chapitre)] que l’Homme surpasse [tous] les autres Animaux dans la faculté de pouvoir[3], quand il conçoit une chose, en chercher les conséquences et les effets qu’il peut lui faire produire[4]. Et j’ajoute maintenant cet autre degré de supériorité, à savoir qu’il peut à l’aide de mots ramener les conséquences qu’il trouve à des Règles générales[5] appelées Théorèmes ou Aphorismes, c’est-à-dire qu’il peut [Raisonner ou] calculer non seulement sur les nombres, mais sur toutes les autres choses susceptibles d’être ajoutées les unes aux autres ou soustraites les unes des autres.

  1. « Accidents of Bread in Cheese ».
  2. Le latin dit : « Tels sont par exemple ces mots, un carré est rond, des substances sont immatérielles, un sujet est libre. Si j’entendais quelqu’un parler ainsi, je ne dirais pas qu’il est dans l’erreur, mais que ses propos sont absurdes ».
  3. En anglais : « in this faculty » ; en latin : « eo quod… natus sit » ; donc d’après le latin « dans la faculté innée de pouvoir ».
  4. Le latin ajoute : « pour son usage ».
  5. Le latin, dit : « qu’il peut par les conséquences des mots trouver des règles générales ».