Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 55 —

Mais ce privilège est contrebalancé par un autre qui est celui de l’Absurdité, privilège que ne possède aucune autre créature [vivante] que l’homme. Et, de [tous le] s hommes, ceux qui sont le plus sujets à l’absurdité sont ceux qui professent la Philosophie[1]. Rien n’est en effet plus vrai que ce que Cicéron dit [quelque part] des Philosophes, à savoir qu’il ne peut rien y avoir de si absurde qu’on ne puisse le trouver dans leurs livres. La raison en est manifeste. Il n’est pas de philosophe qui commence ses raisonnements à partir des Définitions ou des Explications des noms dont il aura à se servir ; c’est là une méthode dont on ne fait usage qu’en Géométrie [, et, c’est pour cela que les Conclusions de la Géométrie restent indiscutables].

Les Causes d’absurdité. — La première cause d’Absurdité dans les conclusions, je l’attribue au manque de Méthode, c’est-à-dire au fait de ne pas commencer son Raisonnement à partir des Définitions, c’est-à-dire des significations établies des mots[2] ; c’est comme si l’on voulait établir un compte[3], sans connaître la valeur des mots numériques [ un, deux et trois][4].

  1. Le latin dit : « ceux que l’on a coutume d’appeler Philosophes ».
  2. Le texte latin est ici assez différent du texte anglais. Il dit : « L’absurdité des conclusions dans les autres sciences est imputable au défaut de méthode » (les autres sciences sont mises ici en opposition avec la géométrie) « à savoir que l’on ne commence pas ses raisonnements à partir des définitions des noms ». Cette première cause est dans le texte latin envisagée comme générale, la seconde cause est alors présentée comme la première, et, il n’est énuméré que six causes en tout, alors que le texte anglais en énumère sept.
  3. Le latin dit : « compter ».
  4. Le latin ajoute : « Et cette cause est générale. ».