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se refuser à admettre qu’il y a là un Mouvement quelconque, elles appellent cet appétit[1] Mouvement Métaphorique, ce qui est [tout simplement] absurde, car si l’on peut dire des Mots qu’ils sont métaphoriques, on ne peut pas le dire des Corps et des Mouvements.

L’Amour. La Haine. — Ce que l’on Désire, on dit aussi qu’on l’Aime[2], et l’on dit qu’on Hait ce pourquoi on a de l’Aversion[3], de telle sorte que Désirer et Aimer ne font qu’un, sauf que, par Désir, on signifie toujours l’Absence de l’Objet, et par Amour le plus communément la Présence. De même, par Aversion on signifie l’Absence, et par Haine la Présence de l’Objet.

Des Appétits et des Aversions, certains sont innés, comme l’Appétit de la nourriture, celui de l’excrétion et de l’exonération (on peut aussi et plus exactement[4] appeler ces derniers des Aversions de ce dont nous sentons la présence dans notre Corps)[5] [et

    loir dire mouvement actuel, présent ; il semble qu’il faille se reporter ici au sens étymologique du mot actuall qui dérive d’actus lequel veut dire action de se mouvoir ; actuall renforcerait alors simplement motion. Le latin dit : « nullum notum omnino (aucun mouvement du tout) ».

  1. Le latin dit « elles disent que c’est un ».
  2. « Aimer c’est avoir besoin » (Helvetius, III, XIV). Hobbes dit plus nettement dans la Nature humaine (Hum. nat., IX, § 16) : « Cependant, nonobstant tous les éloges qu’ils ( les poètes) en font (de l’amour), on ne peut le définir qu’en disant que c’est un besoin ; en effet c’est une conception qu’un homme a du besoin où il est de la personne qu’il désire. » (trad. française, Neufchâtel, 1787).
  3. Le latin porte « odioque habere ea quæ fugiunt ».
  4. Le latin dit « et en se plaçant à un autre point de vue ».
  5. À partir de « ce dont… » le latin dit : « parce que ce