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pris le plus souvent, il fut négligé par la plupart, et c'est ainsi qu'il devint peu à peu pour certains un objet de complète indifférence parfois aussi mal interprété, il fut violemment combattu par ceux qui, dans les camps les plus opposés, profiteurs ou dupes de sophismes, voyaient ou croyaient voir, à des points de vue divers, dans ses doctrines, des périls à écarter, et c'est ainsi qu'il devint pour d'autres le bouc émissaire des théories qui révoltent nos sentiments humains. On adopte sur Hobbes une opinion toute faite et qui ne répond nullement à celle que l'on devrait en avoir. À n'envisager en effet que notre littérature philosophique française et les écrits de nos publicistes, on constate que, depuis le début du siècle dernier, ses idées se retrouvent partout où la raison tend à prédominer sur les vues de l'esprit.

Ce pourrait être encore l'objet d'un livre complètement neuf, en même temps que d'un puissant intérêt, qu'examiner Hobbes à ce triple point de vue comme théoricien de la connaissance scientifique, comme moraliste[1] et comme politique. Je n'aborderai ici que la première partie de ce programme. À une époque où la séparation des philosophes et des chercheurs est devenue si profonde, faire revivre les conceptions de Hobbes sur la nature de la connaissance scientifique me paraît répondre à un vrai besoin.

  1. J'ai, dans le livre déjà cité [La Force et le Droit. Le prétendu droit biologique (Première partie, Chap. III)], laissé prévoir ce que seraient les conclusions d'une étude attentive de Hobbes envisagé comme moraliste.