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sence du problème si souvent débattu de l'existence en soi du monde extérieur. Puis, en passant par Aristote, l'auteur que j'ai supposé en viendrait à cette période de soi-disant obscurité du Moyen-Âge et qui devrait longtemps le retenir ; car, outre ceux qui, comme Roger Bacon, en plein treizième siècle, tentaient déjà d'ouvrir la voie à l'observation et à l'expérience, il y rencontrerait la longue suite des Nominalistes qui furent vraiment, dans ces régions occidentales, et pour notre civilisation moderne, les promoteurs et les initiateurs des conceptions positives.

Les Nominalistes avaient en eux ce qu'il fallait pour nous apprendre bien des choses que nous avons mis plusieurs siècles à savoir. Les préoccupations de leur temps dont il leur fut impossible de se dégager les ont entraînés dans la discussion de questions purement théologiques nous devons le regretter d'autant plus qu'à travers ces débats stériles nous apercevons aujourd'hui tout ce qu'ils auraient pu dire s'ils eussent librement abordé d'autres sujets.

On a donné le qualificatif de nominalistes à ceux qui, dans les Écoles du Moyen-Âge, soutenaient que les genres n'ont aucune existence propre et que les noms qui les expriment représentent seulement les collections des Individus, simples flatus vocis pour les uns, suivant l'expression connue de Roscelin, pures conceptions de l'esprit pour les autres[1].

Cette attitude prise par certains penseurs, dans la querelle dite des Universaux, n'était d'ailleurs pas nou-

  1. Le conceptualisme d'Abélard doit à mon sens être regardé non comme une atténuation, mais comme une explication du Nominalisme proprement dit.