Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/255

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monde à l'exception [d'eux-mêmes, et] d'un petit nom- bre d'autres qu'ils estiment (n) soit en raison de- leur Renommée, soit parce qu'ils sont (i 2) d'accord avec eux. Telle est en èffet la nature des hommes que, bien qu'ils reconnaissent sans difficulté de nombreuses supério- rités sous le rapport de l'esprit, de l'éloquence ou du savoir, ils croient difficilement qu'il y en ait beaucoup qui soient aussi sages qu'eux (i3). Chacun voit de près son propre esprit et ne voit que de loin celui des autres. Et c'est là ce qui prouve le mieux que les hommes sont sous ce rapport plutôt égaux qu'inégaux. Il n'est point d'habitude en effet de meilleur signe de l'égale distri- bution de quelque chose que le fait que chacun est con- tent de sa part (i4)-

DE l'Égalité procède LA DÉFIANCE. De cette égalité de capacité résulte une égalité de l'espoir de par- venir à nos Fins (15). Si (16) deux hommes désirent une même chose que tous'deux ne peuvent avoir, ils deviennent donc ennemis (17) et en poursuivant leur But (qui est [dans la plupart des cas] leur conservation a de soi car presque chacun d'entre nous se croit beaucoup plus sage que n'importe qui du vulgaire ».

(11) Le latin dit « qu'il admire ».

(ta) Le ktin dit « qu'il est ».

(13) Le latin dit « de l'homme que chacun, bien qu'il recon- naisse qu'un -autre est plus éloquent ou plus érodtt que lui, ne convient pas cependant de ce que quelqu'un soit plus prudent ».' (14) A partir de «' Et c'est là. » le latin dit « Mais, en ce qui concerne l'objet présent, le meilleur argument de l'égalité des esprits est que chacun est content du sien ».

(iB) Le latin dit « De l'égalité de nature résulte, pour cha. cun l'espoir de parvenir à ce qu'il désire ».

(16) Le latin dit « Chaque fois que ».

(17) Le latin ajoute « l'un de l'autre ».