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§ III. ― L'origine de la Science.

Sa conception de l'objet de la Science eût fort bien pu conduire Hobbes envisageant la question de son origine chez l'individu (et de son temps on ne pouvait autrement concevoir le problème) à un empirisme franc. Peut-être avait-il songé à cette solution (de la lecture de ses ouvrages, il ressort nettement en tout cas qu'il n'avait pas été sans la prévoir) ; mais, de la définition qu'il donne de la Science au début de sa Logique, il ressort nettement aussi qu'il ne s'y était point arrêté, apercevant sans doute l'invincible objection qu'elle soulève. Cette objection dont plus tard aussi ne pouvait manquer de se rendre compte le métaphysicien Leibnitz[1], et cela précisément peut-être parce qu'il était métaphysicien, c'est-à-dire rompu par nécessité de discipline aux finesses de la dialectique, me paraît aujourd'hui pouvoir se formuler en ces termes de langage moderne : toute connaissance est un résultat de systématisation opérée par le cerveau des données acquises de l'observation et de l'expérience. La connaissance générale est une systématisation en fonction de ce principe ou concept : ce qui est certaines fois sera en des circonstances semblables (principe du général et du nécessaire qui est la base de l'induction). La connaissance scientifique d'autre part, espèce de la connaissance générale, est une systématisation en fonction du principe dit de causalité qui dérive

  1. Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu, disaient les empiristes… Nisi ipse intellectus, ajoutait Leibnitz.