Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/47

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tus qui rendent un homme propre, soit au service de Dieu, soit à celui de son Pays, à la Société Civile ou à l'Amitié privée, il n'en est point qui n'éclatait dans sa conversation ; et ces vertus, ce n'était pas la nécessité qui les lui avait fait acquérir ; il ne les affectait pas non plus selon les circonstances ; elles lui étaient inhérentes et contribuaient brillamment à former sa nature généreuse[1]. C'est donc en son honneur et par reconnaissance pour lui, de même que par dévouement pour votre personne, que je vous[2] Dédie humblement ce discours sur l’État[3]. Je ne sais comment[4] le public [l'accueillera, ni comment l'on] jugera ceux qui paraîtront le goûter. Dans une voie qu'assiègent ceux qui luttent d'une part pour une Liberté trop grande et ceux qui combattent d'autre part pour un excès d'Autorité, il est en effet difficile de passer entre les lances des uns et des autres sans recevoir de blessure. Je pense cependant que le Pouvoir Civil ne saurait condamner l'effort tenté pour l'augmenter, non plus que les particuliers montrer, en blâmant ce même effort, qu'ils jugent ce Pouvoir trop grand[5]. D'ailleurs, je ne m'occupe

  1. La phrase depuis « Parmi toutes les… » est remplacée dans ce texte latin par « Votre frère possédait au plus haut degré toutes les vertus que réclament le culte divin, l'intérêt de la patrie, la société civile ou l'amitié privée : pieux envers Dieu, fait pour la paix (eruditus ad pacem), courageux à la guerre, d'un commerce agréable et fidèle à ses amitiés ».
  2. Addition du texte latin « offre et vous. ».
  3. Le latin dit « ce Traité du Pouvoir Civil et Ecclésiastique ».
  4. Addition du texte latin « à l'époque où nous sommes ! » Ut nunc sunt tempora, proposition incidente dont il est difficile de rendre toute la force en français.
  5. La phrase depuis « Dans une voie… » est remplacée dans le texte latin par « Entre les armes de ceux qui combattent pour le pouvoir suprême, il n'est pas facile de passer sans recevoir de blessure. Je ne vois pourtant pas pourquoi un parti ou l'autre s'irriterait contre moi. Que fais-je en effet, sinon exalter autant que je le puis le pouvoir civil (que son détenteur veut toujours voir être aussi grand que faire se peut) ».