Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/50

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INTRODUCTION.

La Nature (cet Art[1] par lequel Dieu a fait et gouverne le Monde) est en ceci, comme en beaucoup d'autres choses, imitée par l’Art humain : l'homme peut[2] faire un Animal Artificiel. Puisqu'en effet la vie n'est qu'un mouvement des Membres dont le principe est interne, dans quelque partie principale du corps, pourquoi ne pourrions-nous pas dire que tous les Automata (c'est-à-dire les Machines qui se meuvent [d'elles-mêmes] par des ressorts et par des roues[3] comme le font les horloges) ont une vie artificielle ? Qu'est-ce en effet que le Cœur, sinon un Ressort ? Qu'est-ce que les Nerfs, sinon des Cordes, et qu'est-ce que les Articulations, sinon des Roues qui communiquent au Corps tout entier le mouvement qu'a voulu celui qui l'a fait ? L’Art fait plus encore lorsqu'il imite l’Homme, ce chef d'œuvre rationnel de la Nature. C'est bien[4] [en effet] un ouvrage de l'Art que ce grand Léviathan qu'on appelle [Chose Publique ou État, (en latin ]Civitas[)] et qui n'est rien autre qu'un Homme Artificiel, quoique d'une

  1. Addition du texte latin : « divin ».
  2. Le latin dit : « est à ce point imitée par l'art humain, qu'il peut, entre autres choses, ».
  3. Addition du texte latin ; « disposés à leur intérieur ».
  4. La phrase à partir de : « L'art fait plus… » est remplacée dans le texte latin par : « L'art n'imite pas seulement l'animal mais l'homme, le plus noble des animaux. C'est bien aussi… ».