Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE II

De L’Imagination.

Quand une chose est en repos, à moins que quelque autre chose ne vienne la mettre en mouvement, elle restera en repos toujours ; c’est là une vérité dont personne ne doute ; mais, que quand une chose est en mouvement, elle doive le rester éternellement à moins que quelque autre chose ne vienne l’arrêter, bien que la raison soit la même (à savoir que rien ne peut apporter de changement en soi), on n’en convient pas aussi facilement. Les hommes en effet jugent [non seulement des autres hommes, mais] des autres choses d’après eux-mêmes : et, parce qu’ils se voient sujets, après le mouvement, à la souffrance et à la lassitude, ils pensent qu’il en est de même des choses, qu’elles se fatiguent à se mouvoir et aspirent spontanément au repos ; c’est à peine s’ils se demandent si ce désir de repos [qu’ils constatent en eux] ne consiste pas en quelque autre mouvement. C’est de là que vient que l’on dit dans les Écoles que les corps Lourds tombent du fait d’un désir de se reposer et de se placer à l’endroit qui convient le mieux à la conservation de leur nature. On attribue ainsi, et c’est absurde, aux choses inanimées l’appétit