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mes Rêves, je ne pense ni souvent ni avec consistance aux Personnes, aux Lieux, aux Objets, aux Actions auxquels je pense[1] quand je suis éveillé, que je ne me rappelle pas un si long enchaînement de pensées cohérentes pendant mes Rêves qu’à d’autres moments, par cela même aussi qu’à mon réveil je remarque souvent l’absurdité de mes Rêves, alors que je ne rêve jamais de[2] l’absurdité de mes Pensées à l’état de veille, je suis bien[3] persuadé de me rendre compte de ce que je ne rêve pas quand je suis éveillé bien qu’il me semble être éveillé lorsque je rêve.

Puisque les rêves ont pour cause le trouble de certaines parties intérieures du Corps, des troubles différents doivent nécessairement produire des Rêves différents. Avoir froid au lit produit[4] des Rêves de Terreur et fait naître [des pensées et] des Images terrorisantes (le mouvement du Cerveau aux parties internes du corps et des parties internes du corps au Cerveau étant réciproque). De même à l’état de veille, la Colère nous donne chaud à certaines parties du Corps, inversement dans le sommeil, la sensation de chaleur à ces mêmes parties cause de la Colère et fait naître dans le cerveau l’Imagination[5] d’un Ennemi. De même aussi l’amour, quand nous sommes éveillés, fait naître en nous le désir et le désir donne chaud à certaines [autres] parties[6] du corps inversement, dans le som-

  1. I do think of en anglais, imaginor avec l’accusatif en latin.
  2. Le latin dit : « alors que je ne remarque jamais pendant mes rêves… ».
  3. Le latin dit : « suffisamment ».
  4. Addition du texte latin : « le plus souvent ».
  5. Dans le texte latin : Phantasma « le fantôme ».
  6. Addition du texte latin : « internes ».