Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/70

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phes et à tant d’autres fantômes du même genre, et que provient aujourd’hui l’opinion que le peuple grossier a sur les Fées, les Esprits, les Lutins,[1] le pouvoir des Sorciers. Eh ce qui concerne ces derniers, je ne crois pas que leur sorcellerie constitue un pouvoir réel, mais j’estime pourtant qu’on peut justement les punir, tant pour la fausse croyance qu’ils ont de pouvoir nuire de cette sorte, que pour leur intention de le faire si possible[2]. Leur sorcellerie paraît plutôt se rapprocher d’une Religion de nouvelle espèce que d’un Art ou d’une Science[3]. Et, quant à ce qui est des Fées[4] et des Esprits promeneurs, je pense que c’est exprès[5] pour donner crédit à la vertu des Exorcismes, des Signes de croix, de l’Eau bénite et des autres inventions du même genre des gens Superstitieux[6] que l’opinion qu’on en a été introduite ou n’a pas été réfutée. Il n’est cependant pas douteux que Dieu peut faire des Apparitions surnaturelles. Mais qu’il en fasse tellement souvent que les hommes aient plus à les craindre qu’ils ne craignent l’arrêt ou le changement du cours des choses de la Nature, ce que Dieu peut aussi faire, n’est pas un article de la foi Chrétienne. Mais les malhonnêtes gens, sous le prétexte que Dieu

  1. Le latin dit : « a sur les Vampires et les Revenants et sur ».
  2. Le latin dit : « que pour leurs efforts d’y parvenir dans la mesure de leurs moyens ».
  3. Le latin dit : « La sorcellerie me paraît plutôt être une religion spéciale aux sorciers qu’une vraie puissance, un art ou une science ».
  4. Le latin dit : « des revenants ».
  5. Le latin dit : « , par calcul, ».
  6. L’anglais porte Ghostly men, le latin hominum Spiritualium, mots que « superstitieux » traduit peut-être mal.