Page:Hobbes - Léviathan - Tome I.djvu/71

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peut tout faire, ont l’audace de dire n’importe quoi quand cela sert leur intérêt, même lorsqu’ils pensent que c’est faux. Il appartient au sage de ne pas les croire au-delà des limites que la saine raison assigne à la crédibilité de ce qu’ils disent. Si cette crainte* superstitieuse des Esprits[1] était dissipée, et, si disparaissaient avec elle les Pronostics tirés des Rêves [, les fausses Prophéties] et beaucoup d’autres choses qui en dépendent, servant aux ambitieux et aux astucieux à abuser les simples, les Hommes seraient[2] beaucoup mieux adaptés qu’ils le sont[3] à l’Obéissance [civile].

Et, c’est ce à quoi les Écoles devraient travailler bien au contraire, elles entretiennent de semblables doctrines[4]. (Ignorant ce que sont l’Imagination et les Sensations,) les gens d’École enseignent ce qu’ils ont appris les uns disent que les Imaginations arrivent spontanément [et sans cause] ; les autres qu’elles proviennent le plus souvent de la Volonté et que les Bonnes pensées sont [soufflées (] inspirées [)] par Dieu, alors que les Mauvaises le sont par le Diable, ou bien encore que les Bonnes pensées sont [versées (] infusées [)] par Dieu, et les Mauvaises par le Diable. Certains disent aussi que les Sens reçoivent les Images des choses et les transmettent au Sens commun, que le Sens commun les transmet à l’Imagination, ’Imagination à la Mémoire et la Mémoire au Jugement, [comme s’il s’agissait de

  1. Le latin dit : « cette crainte des spectres ».
  2. Le latin dit : « les citoyens seraient partout ».
  3. Le latin ajoute : « actuellement ».
  4. Le latin dit : « cependant, elles propagent (promovent, font avancer) de semblables doctrines plus souvent qu’elles ne les réfutent.