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des lignes droites et ses angles au nombre de trois, et que c’était seulement pour cela qu’il l’avait appelé un Triangle, n’hésitera pas à conclure Universellement [, qu’une telle égalité des angles se trouve dans tous les triangles quels qu’ils soient, et, enregistrera sa découverte dans ces termes généraux] : Tout triangle a ses trois angles égaux à deux angles droits. Et, ainsi, la conséquence trouvée dans un cas particulier arrive à se graver dans la mémoire comme règle Universelle, ce qui élimine du calcul mental les considérations de temps et de lieu et dispense de tout travail de l’esprit sauf du premier il en résulte que ce qui fut trouvé vrai ici et maintenant est vrai en tous temps et en tous lieux.

Mais, l’utilité, des mots dans l’enregistrement de nos pensées n’est nulle part aussi manifeste que dans la Numération. Un imbécile[1] incapable de jamais apprendre par cœur l’ordre des nombres, un, deux, trois, peut observer chacun des coups de l’Horloge et à chacun d’eux faire un mouvement de tête ou[2] dire un, un, un, mais il lui est impossible de [jamais] savoir quelle est l’heure qui sonne. Il semble qu’il fut un temps où les noms de nombres n’étaient pas usités[3] ; on était alors obligé d’appliquer les doigts de l’une ou des deux[4] mains sur les choses qu’on désirait compter ; c’est de là que vient que maintenant nos noms de nombres ne sont que de dix dans la plupart des

  1. « naturall foole » en anglais ; « stultius naluralis » en latin.
  2. Le latin dit « et ».
  3. Le latin dit « in quo numeralia pauca extabant » c’est-à-dire : « où il n’existait que peu de noms de nombres ».
  4. Le latin dit : « d’abord de l’une, ensuite des deux mains ».