Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/30

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deux revolvers, et comme je ne m’éloignerai guère au delà de la portée d’une détonation, vous n’aurez qu’à tirer en cas d’alarme. Mais je suis absolument certain maintenant que les habitants de l’île sont des êtres civilisés et par conséquent inoffensifs.

Elle accepta, sans discuter, cette assertion quelque peu risquée, et nous nous embrassâmes… au front. Puis, ma hache à la main, la carabine suspendue à l’épaule, je partis d’un pied léger.

À ma grande surprise j’en eus pour quelques minutes à peine à franchir le rideau de jungle qui, la veille, m’avait paru tapisser toute l’anfractuosité profonde du promontoire. Les hautes herbes et les roseaux cessaient brusquement pour faire place à des fougères arborescentes où je perdis naturellement la piste jusque-là très visible de mon voleur de livre, piste qu’un enfant eût suivie aussi facilement que moi, l’homme n’ayant pris aucune précaution pour la dissimuler, soit qu’il dédaignât ma poursuite, soit qu’il la jugeât impraticable.

Les fougères elles mêmes ne poussaient que sur un espace très limité de la gorge qu’elles transformaient en un tunnel sombre dont le