Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/31

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sol s’élevait insensiblement et que je mis pourtant un quart d’heure à franchir à cause des amoncellements de roches sableuses ou granitiques où je trébuchais très douloureusement parfois. Mes yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité, et je commençais à y voir clair en dépit d’une voûte nouvelle, de lianes cette fois, interceptant la grande lumière qui dorait les parties supérieures de la fissure.

Ici le chemin cessait d’être fatigant, une fraîcheur délicieuse régnait à l’ombre de ces berceaux fleuris et peuplés d’oiseaux. Aussi, bien que j’eusse totalement perdu la trace de l’inconnu, et que les parois de la gorge se resserrassent d’une façon inquiétante, je résolus de poursuivre ma route, persuadé qu’elle devait mener quelque part.

Depuis quelques instants en effet j’étais comme obsédé par la quasi-certitude que des passages humains assez fréquents devaient animer ce couloir naturel. Que dis-je, j’avais, par instants, la sensation à fleur de peau de la proximité de plusieurs êtres dont les sens apparemment étaient plus subtils que les miens puisqu’il m’était impossible de saisir le bruit de leurs pas, alors qu’eux percevaient mon approche et se retiraient à mesure que j’avançais.