Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/35

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contours précis, laissait transparaître la lumière du jour. Plus dense que tout le reste, la tête n’en était pas moins translucide, dans certaines positions tout au moins ; elle constituait une sorte de bourgeon ovoïde au sommet du corps, mais le visage, d’aspect glauque, avec çà et là, des luisances opalines de nacre ou de pierre lunaire, présentait des traits réguliers, étonnamment humains, à l’expression abjecte, bestiale, une bouche linéaire, un nez de poisson, deux yeux énormes, fluorescents, fendus en amande pourtant et qui papillotaient avec une sorte de tendresse, le tout comme voilé d’un mystérieux halo, d’une de ces taches floues qu’on observe aux clichés photographiques ratés, et donnant l’impression d’une image perçue à travers des couches liquides. La substance tégumentaire du monstre, tentacules compris, était revêtue de soies assez longues, rigides et qui tremblaient d’un mouvement spasmodique, continu.

Il va sans dire que la plupart de ces détails ne me frappèrent que plus tard, quand j’eus l’occasion d’examiner de près d’autres échantillons de l’espèce. Pour l’instant mon horreur était si profonde qu’elle abolissait tout esprit d’examen, et j’aurais certes fui à toutes jambes si la plus élémentaire prudence ne m’eût con-