Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/34

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uns émergeaient hors des rapides, j’en conclus que c’était là un passage à gué servant à tous ceux qui suivaient ce chemin. Donc j’étais bien sur une vraie route, qui menait quelque part et où forcément je finirais par rencontrer quelqu’un : il n’y avait qu’à continuer.

La traversée de la rivière fut relativement facile, car je suis resté bon sauteur, et les pierres du gué n’étaient guère plus distantes entre elles que de l’étendue d’un saut normal. Arrivé sur l’autre berge, assez escarpée, j’en escaladai le sommet en deux bonds. Et déjà je me dirigeais vers la fissure béante par où se continuait — dans mon imagination tout au moins — la route nationale de cet étrange pays, quand surgit, à l’un des angles de la fissure, une apparition dont la seule vue me glaça d’horreur.

Imaginez une pieuvre à face humaine et qui se tiendrait debout sur quelques uns de ses tentacules tandis que les autres flotteraient inertes autour d’elle. La comparaison n’est pourtant pas tout à fait exacte, parce que les tentacules supérieurs simulaient plutôt une chevelure ou des racines que des appendices de préhension. Le corps tout entier, mou, et segmenté en certains endroits, d’apparence gélatineuse en d’autres et comme diffluent, sans