Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/42

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qu’à la nage, au risque d’être entraîné par le courant. En amont comme en aval du reste, c’était le seul endroit où il y eût un semblant de berge ; partout ailleurs la rivière coulait entre deux parois de roc verticales dessinant un couloir semblable à celui d’où je sortais.

Complètement démoralisé cette fois je n’en sentis pas moins la nécessité impérieuse, fut-ce au péril de mes jours, de regagner l’autre bord, et je me mettais en devoir de retirer ma veste de flanelle quand fixant les yeux sur le coude formé par les rapides à une cinquantaine de mètres en aval je vis surgir la proue élancée d’une embarcation dont la coque était encore masquée par le tournant. Elle remontait le courant péniblement à en juger par la lenteur avec laquelle progressait la partie visible de la proue. J’eus le temps de faire quelques pas en arrière et de me tapir à l’angle du couloir-impasse afin de pouvoir observer les arrivants à loisir avant de me faire voir d’eux. Deux mortelles minutes s’écoulèrent puis enfin la barque tout entière apparut dans mon champ visuel. Elle était montée par six individus dont la vue me causa tout d’abord une prodigieuse surprise. Leur trait dominant en effet, consistait en l’uniformité et la ressemblance presque parfaite de leurs six