Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/43

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visages tous également glabres et qui rappelaient, autant que je me souvinsse, la propre effigie de mon voleur de nuit. Ils étaient du reste revêtus du même costume que lui et coiffés d’un casque blanc en tout semblable à celui que je portais moi-même. Leur visage un peu basané avait bien cet aspect déconcertant que marque ethnique ; vus de près, leurs traits n’exprimaient que la naïveté ou l’indifférence ; bien que leur regard me parût mélancolique, avec cette pointe d’amertume étonnée, figée aux prunelles des êtres dépaysés. Encore n’avaient-ils point d’âge déterminé et ne pouvais-je rien conjecturer de leur sexe, vu leur chignon et leur jupe courte, attribut des deux sexes en Malaisie. Et volontiers les eussé-je pris pour des Malais — ou des Malaises — n’eût été ma connaissance approfondie des principaux types asiatiques. Le Malais est de petite stature, bien musclé, mais grossièrement charpenté. Son ossature est celle du sauvage primitif, du Polynésien. La face est large comme aplatie, le nez camus. Le Malais a, de plus, les pommettes et les yeux des grands félins, des yeux obliques, sombres, de bête astucieuse et sournoise. Une âme de pirate, incomplètement affranchie de