Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/91

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Quelques troncs de ficus nous servirent à nous dérober momentanément à leur vue. Quand ils furent tout à fait sur nous :

— Je vais me montrer en pleine lumière, dis-je à ma femme, peut-être mon visage barbu les tiendra-t-il en respect. Toi, arme ton revolver, et s’ils continuent d’avancer tire dans le tas.

D’un bond je me trouvai au milieu du sentier, face à la horde braillarde ; mais mon sang se figea dans mes veines à la vue de celui qui marchait à leur tête. C’était une larve d’homme à demi fossilisé, avec des bras, des jambes comme les nôtres, la peau imbriquée, recouverte d’ichtyose, une face de massacre couturée, variqueuse, où clignotaient deux yeux de nyctalope, et dont les lèvres et le nez, comme ossifiés, se rejoignaient en bec de proie. La tête à peine attachée au tronc par une espèce de tortis fibreux, roulait dans une nappe de cheveux couleur de varech pourri. Sûrement celui-là n’avait rien de commun avec les Immondes. Alors d’où sortait-il et comment se trouvait-il à leur tête ?

Tout, en attendant, faisait pressentir en lui le plus dangereux de nos assaillants. Il marchait droit sur moi avec des ahan rauques et un cillement hideux de ses triples paupières