Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/90

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nous fussions hors d’haleine, et trempés de sueur, nous nous mîmes à courir, scrutant au passage les moindres saillies du roc. Ma femme, heureusement, portait une jupe culotte qui n’entravait pas le mouvement de ses jambes, et nous pûmes ainsi fournir une course assez longue. Combien de temps dura-t-elle ? je ne saurais le dire, mais quand nous nous crûmes sauvés enfin à cause du ciel reparu dans un écartement des arbres et des lianes qui cessaient de former leur berceau, il se trouva que nous étions perdus.

Une centaine de pas plus loin en effet, un énorme éboulis de quartz terminait le ravin en impasse. Nous devions avoir atteint l’un de ces points de frontière que les Purs bouchaient de la façon que je vous ai dit, et je savais par expérience qu’il était inutile de tenter l’ascension de ces roches énormes où ni les mains ni les pieds n’avaient aucune prise.

Le flot des monstres arrivait maintenant sur nos talons avec une clameur frénétique faite de hululements aigus, pareils à des sanglots d’oiseau nocturne et qui nous glaçaient d’épouvante. Sans doute célébraient-ils par avance la curée certaine, sachant que nous n’avions plus aucun moyen de leur échapper.