Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/97

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coups de gong le remet en mouvement, mais en sens inverse… Je respire. C’est la déroute générale. Le vieux lémurien s’est évanoui tel un spectre. D’un seul et même élan les monstres refluent vers le haut de la pente et leurs dos de vessies qui roulent et moutonnent, pressés, aplatis, blafards, s’écrasant aux passages étroits, simulent de loin les ondulations d’un immense reptile en fuite.

C’est que, là-bas, des silhouettes bien humaines, celles-là, viennent d’apparaître, menaçantes, avec des lames brandies qui étincellent au soleil. Ce sont les Purs. Ils ne peuvent nous joindre d’abord, empêtrés qu’ils sont dans le reflux des fuyards. Pendant des minutes qui nous paraissent des siècles ils demeurent immobiles, comme enlisés dans le hideux grouillement qui se divise sur l’obstacle et se reforme derrière lui. J’observe qu’ils ne frappent pas mais se contentent de décrire des moulinets terribles au-dessus de l’immonde bétail dont on voit les têtes se courber un instant sous le vent de mort qui les frôle, pour se redresser aussitôt, puis se rebaisser à nouveau comme hypnotisés, et disparaître dans les remous de la débâcle.

Quelques instants après nos libérateurs sont devant nous, mais notre émotion est telle de