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855 ALEXANDRE (Géorgie, Pologne 856

sur le trône à neuf ans. Il fut gouverné pendant sa minorité par une famille puissante, les Cummings, qui lui firent épouser Marguerite, fille de Henri III, roi d’Angleterre. Affranchi de ce joug à l’aide de son beau-père, Alexandre eut presque aussitôt (en 1263) une guerre à soutenir contre Achon ou Haquin, roi de Norwége, qui élevait des prétentions sur les îles Hébrides. Les Norwégiens s’emparèrent d’Ayr, et s’avancèrent dans le pays. Le roi d’Ecosse courut à leur rencontre, et les défit à Largs : ils laissèrent 16,000 hommes sur le champ de bataille. Alexandre Stuart se distingua particulièrement dans ce combat. Haquin mourut peu de temps après, et son successeur Magnus renonça, moyennant une modique somme, à toute prétention sur les îles en litige. La transaction fut confirmée par le mariage d’Éric, fils aîné de Magnus, avec Marguerite, fille d’Alexandre. Cette alliance fut utile au roi d’Ecosse : lors de la révolte de ses barons, Éric lui amena 5.000 Norwégiens, et l’aida à soumettre les rebelles. Alexandre eut ensuite quelques querelles avec le saint-siége, au sujet de certains biens ecclésiastiques qu’il avait réunis à la couronne : ce différend s’accommoda par les soins de l’archevêque de Saint-André, et le monarque écossais consentit à fournir des troupes à saint Louis de France pour la croisade qu’il dirigeait. Il assista ensuite, avec sa famille, au couronnement d’Edouard Ier, roi d’Angleterre, et au parlement tenu en 1282, en qualité de premier pair d’Angleterre. Devenu veuf et sans enfants (David, Alexandre et Marguerite étant morts), les états insistèrent pour qu’il contractât un second mariage : il épousa en 1285 Yolande, fille de Robert IV, comte de Dreux. Mais, peu de temps après, il périt à l’âge de quarante-cinq ans, entraîné par son. cheval dans un précipice. Sa petite-fille Marguerite de Norwége, surnommée la Vierge du Nord, fille unique d’Éric III, devait lui succéder ; mais cette princesse mourut aussi en 1291, dans la traversée de Norwége en Ecosse. Le trône étant devenu vacant, les hauts barons se le disputèrent, et de longs troubles désolèrent l’Écosse.

Chronic. de Maitros, dans Fell, Rer. Ànglo. script, veteres ; Oxon., 1684, in-fol. — Haller, Annales. — Tyller, History of Scotland, vol. I. — Wynlown, Chronicle of Scotland.


C. Alexandre de Géorgie.

  • ALEXANDRE, roi de Géorgie, mort vers 1440 de J.-C. Il succéda, encore mineur, à son cousin Constantin, qui périt dans une bataille contre les Syriens, en 1414. Il régna d’abord sous la tutelle de sa mère, qui essaya de réparer les désastres causés par les invasions de Tamerlan, et fit, entre autres, rebâtir l’église de Mtzkhaytha, lieu de sépulture des rois de Géorgie. Vers la fin de ses jours, Alexandre se retira, sous le nom d’Athanase, dans un monastère, et partagea ses États entre ses trois fils, Vakhtang, Déraétrius, et George. Ce partage facilita plus

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tard la conquête de la Géorgie par les Turcs.

Klaproth, Voyage au Caucase et en Géorgie (en allemand), t. II, p. 193. — Brosset jeune, Chronique géorgienne.


D. Alexandre de Pologne.

ALEXANDRE JAGELLON, roi de Pologne, grand-duc de Lithuanie, né le 5 octobre 1461, monté sur le trône en 1501, mort à Wilna le 9 août 1506. Il fut l’un des fils de Casimir IV et de l’archiduchesse Elisabeth, fille de l’empereur Albert II. Son père, en mourant en 1492, désigna son fils aîné Jean-Albert à la royauté de Pologne, et Alexandre au duché de Lithuanie. Encore grand-duc de Lithuanie, Alexandre eut à combattre la politique envahissante du tzar de Moskovie, Yvan-Vassiliévitsch. Dans l’impossibilité de lui opposer des forces suffisantes, il fut obligé de conclure en 1493 une convention en vertu de laquelle le tzar fut confirmé dans la possession du duché de Nowogrod-Siéwierski, détaché ainsi des possessions lithuaniennes. Pour consoler Alexandre de cette concession forcée, Yvan promit de lui donner en mariage sa fille Hélène : ce mariage eut lieu à Wilna en 1495. Le tzar stipula que sa fille restât fidèle à la religion schismatique et qu’elle eût un temple dans son palais, en même temps qu’elle lui servit d’instrument politique auprès de son mari. Plus tard, Yvan accusa le grand-duc Alexandre d’avoir négligé de bâtir une chapelle dans son palais pour Hélène ; et, sous d’autres motifs frivoles, il envahit Starodub et Czerniéchow. Alexandre marcha jusqu’à Boryssow, sur la Bérézyna, tandis qu’une autre partie de son armée s’étant rencontrée avec les Moscovites sur les bords de la Wiedrosza, succomba sous le nombre (octobre 1499). L’ennemi vint assiéger Smolensk ; mais il ne réussit point à s’en emparer, le grand-duc ayant secouru à temps la garnison polono-lithuanienne. Peu de temps après ces événements, Jean-Albert mourut, et Alexandre fut proclamé roi de Pologne à Cracovie en septembre 1501. Le nouveau roi quitta Wilna, et fut couronné à Cracovie le 12 décembre 1501. Au mois de février suivant, la reine Hélène vint rejoindre son mari ; mais elle ne fut point couronnée, comme professant la religion schismatique.

Durant le séjour d’Alexandre en Pologne, les Moscovites, sans aucun prétexte, envahirent les possessions lithuaniennes, et assiégèrent Smolensk. Le roi marcha à leur rencontre, et les repoussa. Les parties belligérantes signèrent une trêve de six ans. Cette affaire était à peine arrangée, que les Tatars de Crimée envahirent la Podolie, la Russie-Rouge et la Petite-Pologne. Pour remédier à ce malheur, Alexandre vint à Lublin en octobre 1503, et y tint une diète : l’assemblée accorda des hommes et des subsides. Puis il se rendit dans la Prusse et dans la Poméranie, pour y recevoir le serment de fidélité. En attendant, les Tatars ravagèrent la Lithua-