Nicétas, Alexius Angelus, c. 8. — Villehardouin, De la Conqueste de Constantinople, éd. Paulin; Paris, 1838, c. 51, 56.
ALEXIS IV, le Jeune, empereur de Constantinople, né dans la seconde moitié du douzième siècle, étranglé le 5 février 1204, après un règne de quelques mois. Fils d’Isaac l’Ange, il se fit généralement haïr par la dureté avec laquelle il tirait de ses sujets l’argent qu’il avait promis aux croisés. Ceux-ci de leur côté, tandis qu’ils attendaient leur payement et la saison propre à s’embarquer, achevaient de pousser à bout les Grecs par leur licence : ils venaient d’être cause d’un incendie terrible, et faisaient, entre autres, subir à Alexis des avanies cruelles.
Les Grecs, humiliés par le traitement que souffrait leur empereur, manifestèrent leur mécontentement par une sédition, à la suite de laquelle on donna la couronne à Nicolas Canabé. Mais Alexis Murzuphle (Voy. ce nom) écrasa les rebelles au nom d’Alexis, qu’il fit ensuite mettre en prison, où on l’étrangla. Ce malheureux prince n’avait régné que cinq mois.
Nicétas, Isaacius Ang. et Alexius fil., III, 1. — Du Cange, Familiæ Byzantinæ, p. 204. — Gibbon, Decline and Fall, c 60. — Le Beau, Hist. du Bas-Empire.
ALEXIS V, surnommé Ducas Murtzuphle, empereur de Constantinople, né dans la deuxième moitié du douzième siècle, tué en avril 1204. Grand maître de la garde-robe sous Isaac l’Ange et Alexis IV, il détrôna ce dernier et le fit étrangler (Voy. Alexis IV). Quant à Murtzuphle, Baudoin, ou, selon d’autres, son propre beau-père Alexis III, auprès duquel il s’était réfugié, lui fit crever les yeux ; et les Français, irrités contre lui, le précipitèrent du haut d’une colonne. Le surnom de Murtzuphle lui avait été donné, parce qu’il avait des sourcils épais qui se joignaient entre les deux yeux. Il ne régna qu’environ trois mois. Artificieux, dissimulé, avare et cruel, il dépouilla presque tous les grands seigneurs de la cour et s’appropria leurs richesses, qui lui appartenaient, disait-il, par la loi du plus fort.
Nicétas, Murtzuphlus ; Isaacius Angelus et Alex, fil., cap. 4, 5. — Gesta Francorum. — Villehardouin, De la conqueste de Constantinople, éd. Paulin ; Paris, c. 51, 56, 60, etc. — Gibbon, Decline and Fall, c. lx. — Le Beau, Histoire du Bas-Empire. — Du Cange, Historia Franco-Byzantina.
ALEXIS (dit le Faux), imposteur qui en 1191, sous le règne d’Isaac l’Ange, se fit passer pour le fils d’Alexis II, auquel il ressemblait. Le sultan d’Iconium, Azeddin, qui lui avait promis son appui, le lui refusa lorsqu’il fut désabusé sur sa véritable qualité. Alexis parvint néanmoins à rassembler huit mille hommes et à se proclamer empereur. La faiblesse d’Alexis III favorisa l’ambition de l’imposteur. Mais les ravages de ses soldats, la plupart mahométans, indisposèrent les Grecs de l’Asie Mineure ; et les profanations commises dans les églises portèrent un prêtre à l’assassiner pendant qu’il dormait. Quelque temps après parut un second aventurier, Basilius Chozas ; puis un troisième, qui prit aussi le nom d’Alexis III : ils périrent tous deux près de Nicomédie.
Nicétas, Isaac, III, 1. — Le Beau, Histoire du Bas-Empire, XX, p. 231.
* ALEXIS ou ALEXIUS, nom de cinq empereurs de Trébizonde, dont voici l’histoire (1)[1] :
* ALEXIS ALEXIUS I COMNÈNE (Αλεξιζ ου Αλεξιοζ Κομνηνοζ), empereur de Trébizonde, né vers 1180, mort au mois de février 1222 de J.-C.Du Cange et Gibbon ne lui donnent que le titre de duc ou gouverneur de Trébizonde et des pays voisins. — Après la mort d’Andronic (en 1185), le dernier Comnène de Constantinople, son successeur, Isaac II, résolut d’exterminer cette illustre famille. Jean, l’aîné des deux fils d’Andronic, eut les yeux crevés et mourut à la suite de cette cruelle opération ; son frère, Manuel Sébastocrator, subit le même supplice dans sa prison (en 1186), et on n’entendit plus parler de lui. Ce dernier laissa deux fils : Alexis et David ; ils furent sauvés par leur tante Thamar, qui les amena en Géorgie. Lors de la conquête de Constantinople par les Latins en 1204, Alexis et son frère David rallièrent autour d’eux les Grecs mécontents, quittèrent leur retraite et passèrent le Phasis. Alexis prit Trébizonde, Cérasus, Mesochaldion, et occupa toute la côte de la mer Noire jusqu’à Amisus, tandis que David s’avança vers le Halys, prit Sinope, et poussa ses conquêtes jusqu’en face de Constantinople.
Alexis prit alors (en avril 1204) le titre d’empereur, ou plus exclusivement celui de roi et d’autocrator de toute l’Anatolie, ainsi que l’atteste l’inscription suivante, trouvée par Tournefort dans un couvent de Trébizonde : Βασιλεύζ και αύτοκράτωρ φάσηζ Άνατολήζ, ό Μέγαζ Κομνηνόζ. Nicétas, Pachymère, Acropolite, Ni-
- ↑ (1) L’histoire des Alexis de Trébizonde n’a été bien éclaircie que par les travaux récents de M. Fallmerayer, faits, en grande partie, sur les documents manuscrits inédits, qui avaient échappé à Gibbon à Du Cange et à d’autres.