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que Buchon en a imprimé à la fin de son édition de 1835, cet estimable éditeur s’est trop i)eu occupé des variantes de la diction , si utiles pourtant à l’histoire de notre langue. Pourquoi , par exemple , Froissard écrit-il tantôt Li Biaux marescaus , sénés caus ; et tantôt Le bel maresçal , sénescal, comme on écrit aussi Bodiaus et Bodel ? C’est qu’on empruntait cet s nominatif et ce changement de désinence à la déclinaison latine où se trouvent les mots qui frappaient le plus les chrétiens : Bominus, Deus , Christus, Agnus, Angélus, Sanctus, etc. Des cantons entiers du département du Nord obéissent encore à cette règle, et se servent de mots qu’on retrouve au reste dans ce qu’on a nommé les patois de l’Europe latine. Des deux dialectes dont s’est servi Froissart , l’un devait , comme plus doux que l’autre et plus insinuant, prédominer un jour en France. On l’a nommé rouchi français, parce que les gens qui s’en servent encore disent, au Ueu d’ici , et de ci, ichi et chi. Ces deux dialectes se trouvant en présence , surtout dans le Hainaut, comme pour redoubler l’irrésolution de Froissart, il écrit tantôt qu’il est natif de la Franchevillede F«7encAïe««e5,tantôtdela Fran-Iteville de Valentiennes. Et c’est dans son manuscrit autographe perdu, dont Aimé Leroy et M. Dinaux ont cité , d’après d’Onltreman , une phrase , que se trouve ainsi ortographié le mot jfranke. C’est le roman rustique, opposé au rouchi, pour lequel Froissart inclinait, mais en gardant une balance assez égale , surtout quand il écrit, par exemple : le comte-marescaus : il y a là deux régimes, deux époques, ou une étrange irrésolution. Froissart est-il bien sûr de son nom? nous le trouvons écrit , tantôt avec un f final , tantôt avec un d, et , dans le manuscrit de Cambray, avec un .s: « Je Froissars.... contre le coens Loys {le comte Louis).. » Espérons que notre chroniqueur se sera fixé , et que si l’on ne retrouve pas son dernier manuscrit, son éditeur saura choisir, dans tous ceux qu’on possède, les leçons qui se rapprochent le plus des règles établies bien avant saint Louis , et qu’a retrouvées Raynouard (Extrait d’un travail inédit de M. Onésime Leroy). » — Sur cette question de linguistique, on peut consulter M. Onésime Leroy, Études sur les Mystères dramatiques et sur les mamiscrits de Gerson ; Pms , 1837, in-8o;

— Histoire comparée du Théâtre et des Mœurs, continuation des Études sur les Mystères; Paris, 1844; — Rigollet et Cayrol, Dissertation sur un manuscrit de Froissart de la bibliothèque d’Amiens; 1840, in-S»; — Archives du Nord, 1834.

La Chronique de Froissart a été abrégée en français par Relleforest, sous le titre de Recueil diligent et profitable; Paris, 1572, in-16. Sleidan en avait déjà donné en latin ( Paris , 1537, in-8o) un abrégé assez infidèle , qui a été traduit en anglais par P. Golding; Londres, 1608, in-4. La chronique entière fut traduite par Bourchier, «OUy. RIOGR, GÉNÉR. — T. XVIU-

lordBerners; Londres, 1525, 2 vol. in-fol; réimprimée à Londres, 1812, 2 vol. in^". Walter Scott pense que pour la naïveté du style et la vivacité du coloris , cette antique version est préférable à la traduction, bien plus exacte ef plus savante, publiée par Thomas Johnes, sous le titre de Sir John Froissaris Chronicles of Englund, France, and the adjoining countries , from the latter part of the reign of Edward II to the coronation of Henri IV.... with variations and additions from many celebrated manuscripts (Atthe Hafod Press) (1), 1803- 1805, 4 vol. in-4. On vient de lui élever une statue à Valenciennes. L. J.

Froissart, Chroniques, 1. III, 10 ; IV, t ; Poésies { L’Espinette amoureuse; Le Buisson de Jonece ). — Lacurno de Sainte- Palaye, Mémoires sur la F’ic et les Ouvrages de Froissart ; dans les Mémoires de V académie des Inscriptions et Belles- Lettres, t.X, XIII, XIV. (Les Mémoires de Lacurne de Sainte-Palaye ont été traduits en anglais par Th. Johnes ; Londres, 1801, in-8o; Hafod, 1810, in 4°.) — Aimé Leroy et Arthur Dinaux, Archives du nord de la France, hommes et choses, t. II , p. 308. — Lettres d’Aimé Leroy et N. Regnaud.et Notice d’Arthur Dinaux sur Froissart; Valenelennes, ]an. 1834. — Villeraaiu. Cours de Littérature française, moyen-âge^ X Vil» leçon, pages 149 et sulv. — Béqnet , Froissart ,• dans la Revue des Deux Mondes, f mal 1832. — Walter Scott, Froissart, dans V Edinburgh Review, jan. 1805. — D. JN’isard, Histoire de la Littérature française, 1. 1, p. 83.

— Mérimée et Wallon, Discours prononcés lors de l’inauguration de la statue de Froissart à F’alenciennés , le 21 sept. 1856.

FROLAND (Louis), seigneur des Portes et d’Aulnay , jurisconsulte français, mort au château des Portes, le 11 février 1746. D’abord avocat à Rouen , il vint s’établir à Paris , se fit inscrire au tableau des avocats au parlement de cette ville, et fut élu bâtonnier en 1734. II plaida pour le contrôleur général Law, dont il reçut cent mille francs en billets de banque pour les honoraires d’une cause. Il passa les dernières années de sa vie à sa terre des Portes, en Normandie , et s’y occupa de travaux de jurisprudence restés inédits , entre autres d’une nouvelle édition du Commentaire de Henri Basnage sur la coutume de Normandie. Il avait donné, plusieurs années avant sa mort, sa nombreuse bibliothèque à l’ordre des avocats au parlement de Rouen. Ses ouvrages imprimés ont pour titres : Mémoires concernant le comté-pairie d’Eu et ses usages prétendus locaux, avec les arrêts du parlement de Paris qui les ont condamnés ; Paris , 1722 ef 1729, in-4o; — Mémoires concernant l’observation du sénatus-consulte Welléiendans le duché de Normandie; Paris , 1729 , in-4 ; — Mémoire sur la pi’ohibition d’évoquer les décrets d’immeubles situés en Normandie; Paris, 1729, in-4o; — Mémoires concernant la nature et la qualité des statuts; Paris, 1729, 2 vol. in-4o ; — Recueil d’arrêts de règlement et autres arrêts notables donnés au parlement de Normandie, d’autres arrêts (1) Hafod était le nom du superbe château de Th. Johnes , qui y avall 6tal)H une inoprimerlc à son asage.