des protecteurs, pour n’être point troublé dans ses fonctions par des envieux. Vers 1678, il devint juré teneur de livres de compte, par lettres patentes du roi. » On a de lui : Nouvelle Méthode pour apprendre facilement les Principes et la Pureté de la Langue Française ; Paris, 1656, in-8o ; 2e édit., augmentée, 1662 : la première édition est dédiée à Santeul, la seconde à Gaudin ; toutes deux contiennent une liste précieuse des auteurs les plus célèbres de notre langue, avec de courts jugements sur leurs ouvrages ; — Méthode abrégée et familière pour apprendre à lire ; Paris, 1667, in-12 ; — Arithmétique universelle ; Paris, 1674, in-4o ; 4e édition sous ce titre : Arithmétique pratique et raisonnée ; Paris, 1692, in-4o ; il en a paru un abrégé en 1695, in-12 ; — Méthode pour bien apprendre toutes sortes de Comptes, composée par ordre de Colbert ; Paris, 1678, in-fol. ; — Traité des Changes étrangers ; Paris, 1688, in-4o : l’auteur a donné un abrégé de ce traité en 1694, in-12. « L’abbé Papillon a eu tort, dit Barbier, d’attribuer à un fils de notre grammairien l’Arithmétique universelle et autres ouvrages de ce genre. Les différents catalogues insérés par Claude Irson à la suite de plusieurs de ses ouvrages prouvent qu’il a composé ceux qui regardent la grammaire et ceux qui concernent les mathématiques. » J. V.
Papillon, Bibliothèque de Bourgogne. — Goujet, Biblioth. franc. — Barbier, Examen crit. et compl. des Dict. Histor.
* IRVING (Washington), littérateur américain,
né à New-York, le 3 avril 1783. Le nom de
M. Irving jouit aux États-Unis d’une brillante
renommée, et il est presque aussi populaire en
Angleterre même. C’est, en effet, un des écrivains
les plus gracieux et les plus ingénieux que
présente la première moitié du siècle. Il a touché
à plusieurs genres, les essais de mœurs,
les voyages et l’histoire, sinon avec la même
supériorité, du moins avec un rare talent de
penseur et d’artiste. Son père était Écossais d’origine
et négociant à New-York. Son éducation
fut principalement dirigée par ses frères aînés,
qui, tout en s’occupant de commerce, étaient
remarquables par leur intelligence et leur goût
pour les lettres. Sa santé étant un peu délicate,
on lui laissa toute liberté de parcourir les sites
pittoresques de l’île de Manhattan ; et c’est dans
ces excursions, où il observait à la fois les paysages
et les mœurs, qu’il recueillit une foule de
vieilles traditions , de traits singuliers et amusants
qu’il introduisit dans ses ouvrages. Il débuta
par des essais sur les théâtres, les mœurs
de la ville et sujets de ce genre, dans le Morning
-Chrome le, journal publié par un de ses
frères, essais qu’il signa d’un nom emprunté ,
Jonathan Oldslgle. A l’âge de vingt ans, quelques
signes de consomption s’étant manifestés,
il fut envoyé dans le midi de la France, résida
ensuite à Gênes, visita la Sicile, Naples, Rome,
et, traversant toute l’Italie et la Suisse, vint
passer plusieurs mois à Paris. De là,, il se rendit
en Angleterre, après avoir visité avec soin la
Hollande. Il recueillit ainsi une foule de notes
et d’observations qui plus tard ont servi de
base à plusieurs de ses essais les plus ingénieux. .
Sa santé étant tout à fait rétablie, il revint à
New-Yort, après une absence d’environ trois ans
(1806). Il reprit l’étude du droit, qu’il avaitinterrompue,
se fit recevoir au barreau, mais en
réalité ne pratiqua jamais comme avocat. Bientôt
il commença avec un de ses amis, M. Paulding,
une espèce de revue , Salmagundi, paraissant
tous les quinze jours, et retraçant avec
beaucoup d’humor et de piquant les ridicules,
les mœurs, les personnages excentriques du
jour. Ce recueil obtint aussitôt une grande popularité.
Quelques difficultés avec l’éditeur vinrent
l’interrompre brusquement après une année de
succès (1808). En décembre 1809, il publia
l’ Histoire de New-York par Diedrich Knickerboker.
C’est une histoire comique , assaisonnée
de beaucoup de saillies, d’exagérations
bouffonnes, de fictions enjouées , de la colonie
hollandaise de New-York. Les anciennes familles
qui en descendaient furent d’abord choquées
de voir traiter avec cette irrévérence les
mœurs et les souvenirs de leurs ancêtres ; mais
la majorité des lecteurs y trouva tant d’esprit
et d’amusement, que dès ce moment M. Irving
devint un des auteurs les plus populaires. Le
nom de Knickerbocker se propagea rapidement ;
et on le trouve aujourd’hui appliqué à une
foule d’hôtels, de bateaux à vapeur et d’établisments.
En 1810 deux de ses frères qui étaient dans
les affaires, l’un chef de la maison de New- York,
et l’autre à Liverpool , lui donnèrent un intérêt ,
mais en lui laissant la liberté de poursuivre, ses
travaux littéraires. Pendant la guerre avec l’Angleterre
(1812-1814 ), partageant les sentiments
patriotiques de l’époque, il publia, dans YAnalectic
Magazine, des biographies éloquentes des
principaux capitaines de marine américains, et
fut nommé aide de camp du général ïompkins,
gouverneur de New-York, avec le titre de colonel.
La paix ne tarda pas à être rétablie ; et,
abandonnant son titre et la carrière militaire ,
il fit voile pour Liverpool (1815). Il parcourut
les parties agrestes du pays de Galles, les plus
beaux comtés d’Angleterre , et les Highlands ,
l’Ecosse. Son intention était de faire un autre
voyage sur le continent, lorsque des désastres,
résultat de la brusque transition de la guerre à
la paix, vinrent frapper la maison de commerce
de ses frères et changer sa position et ses projets.
Il eut recours à sa plume, et comme consolation
et comme ressource. Mettant en œuvre les
observations qu’il avait faites sur la vie rurale et
les mœurs, il commença à écrire les essais de
son célèbre Sketch Book (Livre d’Esquisses),
et les envoya à New-York , où ils obtinrent un
grand succès. Le premier volume étant parvenu