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LALLEMAND

par suite de sa condamnation : un curateur fut nommé à sa succession, et la procédure traîna en longueur. Lorsque la France fut sur le point d’intervenir en Espagne pour rétablir le gouvernement royal, le général Lallemand revint en Europe ; il débarqua à Lisbonne en mai 1823, et entra bientôt en Espagne, fut fait prisonnier et enfermé à Cadix. Mis en liberté peu de temps après, il fit faire quelques démarches par sa femme, qui était restée à Paris, pour savoir s’il pourrait revenir sans danger en France ; il ne reçut pas de réponse satisfaisante. Le bruit courut à cette époque qu’il irait servir la cause des Grecs. Il se rendit à Bruxelles, où il tomba dans le plus grand dénûment. Il adressa alors au directeur de la police de Paris, Franchet, une lettre dans laquelle il disait qu’il ne pouvait se dispenser de venir en France ; qu’entre mourir de faim ou mourir comme le brave Ney, il n’y avait pas à balancer, et qu’en conséquence il était décidé à se mettre en route sans sauf-conduit. Il arriva en effet peu de jours après dans la capitale, où il fut reçu par les généraux Bertrand et Montholon. La police de la Restauration le laissa tranquillement arranger ses affaires. Il se rendit ensuite à Londres, et retourna aux États-Unis, où il créa un établissement d’éducation à New-York, qui réussit. Après la révolution de Juillet, il revint en France. Reconnu dans son grade de lieutenant général, il fut nommé pair de France le 10 octobre 1832. Il parla peu à la chambre, et fut chargé en 1833 et 1834 d’inspections de cavalerie. Il fut reçu avec enthousiasme en Corse, et Louis-Philippe lui donna le commandement militaire de cette île. Le général y resta environ deux ans, et revint mourir à Paris. Il n’a pas laissé de postérité. L. Louvet.

Arnault Jay, Jouy et Norvins, Biogr. nouv. des Contemp. — Lardier, Hist. biogr. de la Chambre des Pairs (Cent Jours). — Véron, Mém. d’un Bourgeois de Paris, tome II, p. 137. — Hartmann et Millard, Le Texas, ou notice histor. sur le Champ d’asile.

LALLEMAND (Henri-Dominique, baron), général français, frère du précédent, né à Metz, le 18 octobre 1777, mort à Borden-Town, province de New-Jersey (États-Unis d’Amérique), le 15 septembre 1823. Il fit ses études militaires à l’école d’application de Châlons-sur-Marne, et entra dans l’artillerie. Chargé du commandement des canonniers à cheval de la garde impériale, il fut employé dans toutes les guerres de l’empire, et reçut le titre de baron. En 1814 il était général de brigade, et c’est avec ce grade qu’il fit la campagne de France. Après la chute de Napoléon, il fut nommé chevalier de Saint-Louis. Il était à La Fère, lorsqu’on connut le débarquement de Napoléon au golfe Juan ; il se réunit à son frère pour essayer d’opérer quelque mouvement parmi les troupes en garnison dans le département de l’Aisne. Ayant échoué dans son entreprise sur l’arsenal de La Fère, il s’empara du moins d’une batterie qui arrivait de Vincennes. Il marcha avec son frère sur Chauny et Compiègne, et forcé de s’échapper comme lui, il se défendit avec courage contre les gendarmes qui l’arrêtèrent près de Château-Thierry et ne purent se rendre maîtres de lui qu’après l’avoir renversé de cheval et terrassé. Emmené jusqu’à Laon, il fut délivré par l’arrivée de Napoléon à Paris. Nommé alors lieutenant général, il combattit à Waterloo, à la tête de l’artillerie de la garde, et y fit des prodiges de valeur. Il se sauva ensuite en Angleterre sous le faux nom de général Cottin, et sut éviter la captivité. Apprenant qu’il était privé du bénéfice de l’amnistie par l’ordonnance du 24 juillet 1815, il s’embarqua à Liverpool pour Boston. Compris comme son frère dans l’article 2 de l’ordonnance du 12 janvier 1816, il fut aussi condamné à mort par contumace, le 21 août de la même année. En 1817, il épousa la nièce d’un riche négociant français établi à Philadelphie, nommé Stephen Girard. Il avait eu part au projet de créer une colonie française aux États-Unis avec les réfugiés ; il aida son frère à chercher un autre établissement que celui qui avait été offert par le gouvernement américain, et signa la note adressée au roi d’Espagne ; mais il resta à la Nouvelle-Orléans, et ne fit aucune visite au Champ d’Asile. Plus tard il se retira à Borden-Town, près de Philadelphie, où il se livra à l’étude. Il fit paraître à la Nouvelle-Orléans un Traité d’Artillerie, en 2 vol. in-4o, dont un de planches, qui est estimé, mais dont on a peu d’exemplaires en France. Cet ouvrage a été traduit en anglais par le professur Renwick. L. L — t.

Arnault, Jay, Jouy et Norvins, Biogr. nouv. des Contemp. — Quérard, La France Littéraire.

LALLEMAND (Claude-François), médecin français, né à Metz, le 26 janvier 1790, mort à Marseille, le 25 août 1854. Il se destinait à l’étude des arts du dessin ; mais le vœu de ses parents lui fit embrasser la carrière médicale. Après deux ans passés à l’armée d’Espagne, en qualité d’aide major, il résolut de venir à Paris faire de sérieuses études. Arrivé dans la capitale en 1811, il fut nommé l’année suivante élève externe des hôpitaux à la suite d’un concours dont il sortit le premier. Élève interne à l’hôtel-Dieu, il fut reçu en 1818 docteur à la suite d’une thèse brillante. En 1819 il fut nommé professeur de clinique chirurgicale à la faculté de médecine de Montpellier, chaire vacante par suite d’une émeute d’étudiants, qui avaient entraîné leur professeur Vigarous à siffler avec eux une pièce de théâtre dont le préfet de l’Hérault était l’auteur. Lallemand y professa d’une manière utile et produisit des travaux remarquables. En 1823 ses opinions politiques furent inculpées, et il fut destitué. On lui reprochait notamment d’avoir donné trop de soins à un colonel constitutionnel espagnol, prisonnier à Montpellier. Trois ans après, en 1826, Lallemand fut réintégré dans sa chaire, qu’il conserva jusqu’en 1845. Élu alors, le 7 juillet, par l’Académie des Sciences dans sa section de mé-