Page:Hoefer - Biographie, Tome 30.djvu/222

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Kœnigsberg, Thom, Dantzig, Lubeck et Hambourg, et touche la France au Havre. De retour à Paris, il n’a pas vu ses amis, qu’il fait projet pour visiter l’Italie et autres lieux qu’il désirait connaître. Mais de crainte qu’en passant par l’Anjou ses parents ne s’opposent à ses desseins, il les instruit par lettres de son retour, et en même temps en reçoit plusieurs de leur part qui le conjurent de faire retraite « et de suivre l’épée ou la plume». « Ma curiosité, dit-il, n’étant pas satisfaite, je leur rendis grâce de leur avis et leur fis savoir que je prenais mon chemin pour le Levant. >• Il s’embarque à Marseille pour Gênes, visite Livourne, Pise, Florence, sur le chemin de Viterbe à Rome fait rencontre de l’abbé Capponi, avec qui il se lia d’amitié, séjourne deux mois à Rome et repart pour Venise* Après avoir parcouru une partie de l’archipel grec et admiré les merveilles de Constantinople, i ! gagne Ispahan par la route d’Erzeroum, rencontre au sortir de la Perse le père Alexandre de Rhodes , et quelques lieues plus loin le sieur Nicolas de Forest, joaillier sur le pont Saint-Michel à Paris, dont il rapporta plus tard l’héritage à sa veuve, prend la mer à Bender-Abbassi, débarque àSouali près Surate, où un de ses compatriotes l’aborde, le père Zenon de Baugé, avec qui il continue son voyage. Le 17 septembre, muni de lettres de recommandation pour le vice-roi de Goa, il s’embarque pour Damaon, arrive à Goa, d’où un vaisseau anglais le conduit à Rajapour. Là, à la descente du navire, il est arrêté avec ses compagnons par le gouverneur indien, à la requête des créanciers d’une compagnie anglaise, récemment ruinée, qui veulent rendre les voyageurs solidaires des dettes de leurs compatriotes. Ils sont enfin relâchés, grâce à leur fermeté, au bout de six jours. De retour à Souali, le 1 er mars 1649, Legouz monte sur un vaisseau anglais, touche à Bassora, gagne, à travers le désert, Alep, Tripoli de Syrie, Damiette, le Caire , visite les Pyramides , reprend la mer à Rosette, s’arrête à Alexandrie, à Rhodes et débarque enfin, le 15 février 1650, à Livourne. Il apprend là la mort du P. Zenon, son ancien compagnon de route , et en arrivant à Rome celle de l’abbé Capponi. Son frère, le cardinal, l’accueille avec honneur, lui donne logement dans son palais , bouche à cour, et deux officiers pour le servir. Mais Le Gouz, à la nouvelle de la mort de son père et sur les bruits qui couraient de la sienne, se décide à prendre congé de son bienfaiteur et accourt en toute hâte en Anjou pour revendiquer son héritage ; arrivé à Saumur, il loue des chevaux pour gagner plus vite la maison de sa mère, distante de six lieues. Le valet de chambre lui refuse l’entrée ; il décline son nom et parvient enfin à se faire ouvrir ; mais n’ayant point trouvé là celle qu’il cherchait, il se dirige vers la maison qui lui revenait dans la fortune paternelle ; chemin faisant, il apprend qu’un de ses beaux-frères s’en était emparé et en avait chassé sa mère, soutenant que notre voyageur était mort depuis quatre ans. Le Gouz venait en personne rendre témoignage du contraire. Il lui envoya dire par un gentilhomme qu’il sortît de la maison , ou s’attendît à bonne guerre. Le lendemain le duc de Rohan, gouverneur de la province , fit son entrée dans la ville de Baugé. L’arrivée en Anjou d’un personnage persan (car Le Gouz ne quittait plus le costume, dont il avait pris l’habitude dans ses voyages) fut un événement. Leduc demanda à voir le nouveau venu, et tout d’abord lui fit rendre sa maison, confiant à Le Marié, conseiller au présidial d’Angers, le soin d’arranger ses différends avec la famille. Mais la partie adverse, condamnée par la décision de l’arbitre , puis par les tribunaux du pays, en appelle au parlement de Paris. Le Gouz s’y rend pour soutenir sa cause. Madame de Lansac,gouvernante du roi, lui procure la connaissance du comte de Nogent-Bautru. « Ce comte, dit-il, trouva à propos que je saluasse leurs majestés et que je les informasse des forces et façons des pays où j’avais été ; il en parla au roi. Sa majesté désira me voir dans l’habit et équipage persans, se donna la peine de lire quelques mémoires de mes voyages, et me commanda d’en faire part au public ». La relation de Le Gouz a pour titre : Les Voyages et Observations du sieur de La Boullaye Le Gouz, gentilhomme angevin, où sont décrites les religions, gouvernements et situations des Estais et royaumes d’Italie, Grèce, Natolie, ! Syrie, Perse, Palestine, Karaménie, Kaldée, Assyrie, Grand Mogol, Bijapour, Indes Orientales des Portugais, Arabie, Egypte, Hollande, Grande-Bretagne, Irlande, Dannemark, Pologne , isles et autres lieux d’Europe, Asie et Affrique où il a séjourné, le tout enrichy de belles figures ; Paris, 1653, in-4 ; la seconde édition fut imprimée à Troyes, 1657. Quoique inférieure à la première pour la qualité et la dimension du papier, on la préfère, comme plus complète. Elle est dite « augmentée de quantité de bons advis pour ceux qui veulent voyager, avec un ordre pour suivre les karavanes qui vont en diverses parties du monde. » L’ouvrage est dédié au cardinal Capponi, « cardinal et prince de la sainte Église romaine, premier-prêtre, grand-bibliothécaire du Vatican et protecteur de la nation maronite. » Après un avis, assez fièrement tourné, au lecteur, suit une liste des voyageurs que l’auteur a pu consulter, sous ce titre : Sentiment du sieur de La Boullaye Le Gouz sur les diverses relations qu’il a lues des pays étrangers. Chaque ouvrage cité est accompagné de quelques mots d’éloge ou de critique qui témoignent d’ordinaire d’une appréciation juste et sensée. A la lin du livre, et comme preuve sans doute que l’auteur a atteint, le but de tant de courses aventureuses, se trouvent énumérés tout au long les noms et qualités des amis et con