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LE GOUZ — LEGRAIN

naissances que l’auteur s’est acquis dans ses voyages ; le tout terminé par cet axiome : « Les voyages font les hommes, et les hommes les amis. » D’après la lecture de l’ouvrage, on peut juger qu’on a affaire à un gentilhomme d’esprit libre et curieux, assez instruit d’ailleurs pour disserter au besoin de théologie avec des théologiens « pour l’honneur de son pays », voyant peu d’ordinaire, mais voyant bien, et ne rapportant que ce qu’il a vu, avec un air de sincérité qui au moins intéresse. Il y a peu de remarques profondes, mais souvent de l’esprit et un fonds d’originalité dans le récit qui en fait pardonner la brièveté. Les figures imprimées dans le texte sont grossièrement dessinées et sans art ; on y trouve le plan du sérail, les ruines de la tour de Babel, le dessin d’une page d’hiéroglyphes tracés sur un papyrus découvert pendant le séjour de l’auteur en Égypte. En tête du livre, Le Gouz est représenté avec cette inscription : « Portrait du sieur La Boullaye Le Gouz en habit levantin, connu en Asie et en Afrique sous le nom l’Ibrahim-Bey, et en Europe sous celui de voyageur catholique. » Mais l’oisiveté devait peser à un esprit d’humeur si peu sédentaire. Le Gouz revit à Paris le P. de Rhodes, qu’il avait rencontré dans ses voyages. Ils projetèrent de repartir ensemble pour une course nouvelle ; projet qui ne fut pas mis à exécution. La Compagnie des Indes, alors en quête d’agents habiles pour représenter ses affaires à la cour des princes du pays, fit appel à l’expérience de notre voyageur, et le roi l’accrédita. Avant de partir néanmoins, le 20 août 1662, devant Creslon, notaire de Saint-Laurent-des-Mortiers, contrat de mariage fut passé « entre messire François Le Gouz, sieur de La Boullaye et du Gœuvre, chevalier de l’ordre du roi, ambassadeur pour sa majesté vers les rois de Perse et des Indes, avec damoiselle Élisabeth Gaultier, fille de messire Jean Gaultier, écuyer, sieur de Bruslon, maître des requêtes de la reine et ancien procureur du roi au siège présidial de Châteaugontier ». Au mois d’octobre 1664, Le Gouz partit pour la Perse, où il mourut, et, par ordre du schah, fut enterré magnifiquement. On accusa des gens de sa suite de l’avoir assassiné pour s’approprier les présents qu’il avait reçus du prince persan ; mais son chirurgien rendit témoignage, au retour, que Le Gouz était mort d’une fièvre chaude.

Célestin Port.

Pocquet de Livonnière, Les Illustres d’Anjou, mss. de la Bibl. d’Angers. — Archives de Maine-et-Loire.


LEGOYT (Alfred), économiste et statisticien français, né le 18 novembre 1815, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), se destina d’abord à la carrière du barreau. Secrétaire de M. Tissot, de l’Institut, il prit part à plusieurs de ses travaux, entre autres à son Histoire de la Révolution française, et entra en 1839 dans l’admiistration. il provoqua successivement : en 1850, le décret qui met au concours les fonctions d’archivistes dans les départements ; en 1851, l’organisation nouvelle du dénombrement de la population en France ; et en 1852, celle dans chaque canton d’une commission permanente chargée de dresser tous les ans les statistiques des faits agricoles les plus usuels. M. Legoyt est chef de bureau de la statistique générale et secrétaire de la commission permanente des archives au ministère de l’intérieur. On a de lui : Territoire et Population, tableaux du mouvement de la population en France, de 1837 à 1851, d’après les dénombrements généraux et les relevés de l’état civil (1854, in-4o) ; — Mouvement de la Population en 1853, précédé d’une introduction, où sont expliquées pour la première fois les lois mathématiques des progrès de la population en France ; 1856, in-4o ; — Mouvement de la Population française en 1854, avec introduction ; 1857, in-4o ; — Statistique agricole en 1852, recueillie par les soins des commissions de statistique cantonale ; 1re  partie, 1858 ; — Statistique de l’Assistance publique en France, de 1842 à 1854, avec introduction ( hôpitaux, hospices, bureaux de charité, monts-de-piété, asiles, ouvroirs, crèches, sociétés maternelles, etc. ; 1858, 4 vol. in-4o ; — Statistique des Asiles d’Aliénés en France, de 1842 à 1854, avec introduction ; 1859, in-4o ; — Mouvement comparé de la Population en France et dans les autres États de l’Europe ; 1859, in-4o. C’est le premier document officiel, et l’un des travaux les plus importants qui aient paru jusqu’à ce jour sur cette matière ; — Résultats généraux du dénombrement de la population en France, en 1856, avec une introduction où sont comparés les résultats des divers recensements de 1790 à 1856 ; 1859. Outre ces travaux officiels, M. Legoyt a publié : La France statistique ; 1843, in-8o : ouvrage couronné par l’Académie des Sciences en 1845 ; — Le Livre des Chemins de Fer, ou essai historique sur les chemins fer français et étrangers (in-12, 1845) ; — Recherches sur la charité officielle et privée à Londres ; 1847, in-8o : c’est une étude sur le paupérisme ; — Essai sur la Centralisation administrative ; 1849, in-8o ; — Des Effets économiques de la loi de Succession en France (dans le Journal des Économistes, 1856) ; — Étude sur les Chertés anciennes et modernes ; — Des Maladies de l’Intelligence chez les nations modernes (dans la Revue Contemporaine, 1856-1858), etc. Il a collaboré à grand nombre de revues et publications administratives ou scientifiques. M. Legoyt s’occupe depuis longtemps d’une Histoire de la Statistique.

J. F.

Docum. partic.


LEGRAIN ou LEGRIN ( Jean-Baptiste), seigneur de Guyencourt et de la Laye, historien français, né à Paris, le 25 juillet 1565, mort à Montgeron, le 2 juillet 1642. Il appartenait à une famille noble des Pays-Bas et n’avait que deux