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souvent sur les affaires graves. Il a publié : De sacra poenitentiara apostolica (Rome, 1712, in-4o) et Commentaria ad constitutiones apostolicas (Venise, 1729, 4 vol. in-fol.).

Uomini illustri del regno di Napoli.

PÉTRARQUE (François) (PETRARCA Francesco), un des plus grands poètes italiens, né à Arezzo, dans la nuit du 19 an 20 juillet 1304, mort à Arqua, le 18 juillet 1374. Son père se nommait Pietro ou Petracco (diminutif de Pietro), et remplissait les fonctions de notaire à Florence. Petracco fut banni avec Dante et plusieurs autres florentins du parti des blancs, et se retira à Arezzo. Là il eut un fils, qui s’appela d’abord Francesco di Petracco (François fils de Petracco), nom qu’il changea en celui de Francesco Petrarca. Il passa ses premières années à Incisa, dans le val d’Arno, avec sa mère, Eletta Canigiani, qui avait obtenu la permission de revenir à Florence. À l’âge de sept ans il alla rejoindre son père à Pise, où il eut pour premier maître un vieux grammairien nommé Convennole da Prato. Petracco, désespérant de rentrer dans sa ville natale, se rendit en 1313 à Avignon, qui était alors la résidence de la cour pontificale et le rendez-vous d’une foule d’étrangers et particulièrement des exilés italiens. Voyant que la vie était trop coûteuse à Avignon, il envoya sa famille à quelques lieues de là, dans la petite ville de Carpentras. Pétrarque y retrouva Convennole da Prato et reçut de lui des leçons de grammaire, de rhétorique et de logique. Il alla ensuite étudier le droit à l’université de Montpellier, où il resta quatre ans (1318-1322), moins occupé de jurisprudence que des lettres antiques. À une époque où les manuscrits des classiques latins étaient rares, il avait réussi à se procurer plusieurs ouvrages de Cicéron, les œuvres de Virgile et quelques autres auteurs anciens ; il les relisait sans cesse et se préparait à les imiter un jour. Son père aurait mieux aimé qu’il se préparât à suivre une des carrières lucratives qu’ouvrait la science des lois ; il l’envoya à Bologne, qui était alors plus célèbre école de droit. Pétrarque y passa trois années, qui n’ajoutèrent pas beaucoup à son savoir en jurisprudence, mais qui lui permirent de nouer d’utiles relations avec des hommes instruits, entre autres avec le poète légiste Cino de Pistoja. Apprenant la mort de son père, il revint à Avignon, où peu de temps après il perdit mère. Resté à vingt-deux ans sans fortune, il n’eut d’autre ressource que l’état ecclésiastique. Il prit l’habit clérical, mais sans entrer dans les ordres.

Vers ce temps s’accomplit l’événement intime qui exerça tant d’influence sur son génie. Le 6 avril 1327, tandis qu’il assistait au service divin dans l’église de Sainte-Claire, à Avignon, il fut frappé de la beauté d’une jeune dame qui trouvait près de lui, et il conçut pour elle une vive passion qui devait remplir le reste de son existence. Le nom de cette dame était Laura ou Laure. Suivant une opinion qui ne s’appuie point sur le témoignage de Pétrarque, car le poète ne dit rien de la famille de celle qu’il aime, Laure, alors âgée de vingt ans, « était fille d’Audibert de Noves, chevalier riche et distingué. Elle avait épousé, après la mort de son père, Ragues de Sade, patricien originaire d’Avignon, jeune, mais peu aimable et d’un caractère difficile et jaloux[1]. » Depuis que l’abbé de Sade, dans un ouvrage diffus et sans critique, a revendiqué pour sa famille la belle personne qui inspira les vers amoureux de Pétrarque, on a faiblement contesté cette prétention, très-contestable cependant. Avant de la discuter, nous résumerons rapidement ce que le poète lui-même nous apprend sur celle que la postérité appelle la belle Laure. Leopardi s’exprime ainsi dans la préface de son édition des Rime di F. Petrarca : « La force intime, la nature particulière et vive des poésies de Pétrarque apparaitrait sous un jour nouveau, si je pouvais écrire l’histoire de son amour telle que je la conçois. Cette histoire, racontée par le poète dans ses vers, n’a été jusqu’ici entendue et connue de personne, comme elle pourrait l’être, sans qu’il fut besoin d’employer à ce sujet d’autre science que celle des passions et des mœurs des hommes et des dames. Une telle histoire ainsi écrite serait aussi agréable à lire et plus utile qu’un roman. » On trouve en effet dans les vers italiens de Pétrarque et dans ses œuvres latines, des détails nombreux souvent vagues, mais toujours sincères, qui suffisent pour répandre la lumière sur cette passion célèbre. Laure était une des plus belles femmes de son temps. S’il ne reste d’elle aucun portrait bien authentique, son portrait brillant et durable subsiste dans les poésies de son adorateur. Un écrivain que nous aimons à citer parce qu’il reproduit avec savoir et talent l’opinion la plus accréditée, Ginguené, a recueilli dans les Œuvres de Pétrarque les traits épars de l’image de Laure.

« Ses yeux, dit-il, étaient à la fois brillants et tendres, ses sourcils noirs et ses cheveux blonds, son teint blanc et animé, sa taille fine, souple et légère ; sa démarche, son air avaient quelque chose de céleste. Une grâce noble et facile régnait dans toute sa personne. Ses regards étaient plein de gaieté, d’honnêteté, de douceur. Rien de si expressif que sa physionomie, de si modeste que son maintien, de si angélique et de si touchant que le son de sa voix. Sa modestie ne l’empêchait pas de prendre soin de sa parure, de se mettre avec goût, et lorsqu’il le fallait, avec magnificence. Souvent l’éclat de sa belle chevelure était relevé d’or ou de perles ; plus souvent elle n’y mêlait que des fleurs. Dans les fêtes et dans le grand monde elle portait une robe verte parsemée d’étoiles d’or, ou une robe couleur de pourpre, bordée d’azur semé de roses, on enrichie d’or et de pierreries. Chez elle et avec ses compagnes, délivrée de ce luxe dont on faisait (usage) dans des cercles de cardinaux, de prélats et à la

  1. Guinguené, Hist. litt. d’Italie, t. II, p. 342