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VINCENT-VINCENT DE PAUL


par sa sagesse et sa sainteté que par son éloquence et les mérites de ses écrits, il mourut sous le règne de Théodose le jeune et de Valentinien III. Son corps, conservé dans l’église de son monastère, fut longtemps l’objet de la vénération des fidèles. Depuis 1600, le 24 mai est le jour consacré à honorer sa mémoire. Il ne reste de Vincent qu’un petit traité intitulé Commonitorium pro catholicæ fidei antiquitate ; encore est-il incomplet. Écrit trois ans après le concile d’Éphèse, c’est-à-dire en 434, il comprenait deux parties, l’une contre les innovations des hérétiques ; l’autre sur le concile d’Éphèse. Celle-ci fut dérobée à l’auteur, et nous ne la connaissons que par l’abrégé récapitulatif qu’il joignit à la première partie. Cet ouvrage a pour but d’établir l’autorité de la tradition, de réfuter les erreurs des donatistes, des ariens et des anabaptistes, et de donner une règle certaine de maintenir intacte la doctrine de l’Église. Il est remarquable autant par la clarté des expressions, l’élégance et la pureté du style que par l’enchaînement logique des idées. Imprimé pour la première fois au commencement du seizième siècle (Venise, s. d., in-8o), le Commonitorium eut depuis plus de trente éditions , et fut annoté, commenté, traduit par les théologiens les plus distingués. Baluze en donna une édition estimée (Paris, 1663, 1669, 1684, 1688, in-8o). C’est à tort que divers auteurs lui ont attribué le Prædestinatus et le livre des Objections réfutées par saint Prosper d’Aquitaine. On ne saurait trouver dans ces ouvrages ni le style ni les idées de Vincent de Lerins.

Gennadius, De viris illustr., 64. — Hist. littér. de la France, t. II. — Biblioth. sacrée, t. 26. — Schœnemann, Bibl. Patrum lat., t. II. — Elpelt, Vincentius von Lerina ; Breslau , 1840, in-8o.

VINCENT FERRIER (Vicente Ferrer, saint), religieux espagnol de l’ordre de Saint-Dominique, né à Valence (Espagne ), le 23 janvier 1355, mort à Vannes, le 5 avril 1419. Guillaume Ferrer, son père, et Constance Miguel, sa mère, malgré leur médiocre état de fortune, ne négligèrent rien pour développer les rares facultés qu’ils remarquèrent en lui. A douze ans il étudia la philosophie, et à dix-sept il passait pour avoir surpassé ses professeurs. Le 5 février 1374 il prit l’habit de Saint-Dominique. Après avoir enseigné quelque temps la philosophie aux jeunes religieux, il alla prêcher à Barcelone, et se rendit en 1384 à Lerida pour y recevoir le bonnet de docteur en théologie. Chargé en 1385 d’expliquer l’Écriture à la cathédrale de Valence, il se livra en même temps à la prédication, et acquit une telle renommée qu’en 1391 le légat Pierre de Luna l’emmena avec lui à Paris, et qu’en 1394, devenu pape sous le nom de Benoît XIII, il le choisit pour confesseur et pour maître du sacré palais. Mais à la cour d’Avignon Vincent cherchait autre chose que les dignités : il eût voulu ramener l’unité dans l’Église ; s’apercevant que ses conseils ne seraient jamais suivis , il reprit


en 1397 le cours de ses prédications. Allant de ville en ville et de province en province, il parcourut successivement l’Espagne, la France, l’Italie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Irlande. Il parlait avec une égale facilité la langue particulière à chacun de ces divers pays ; il y opéra un nombre infini de conversions. La mort, le péché, l’enfer étaient ses sujets habituels. Sa voix, dominant l’auditoire, remuait profondément les âmes et y jetait la terreur. Souvent il dut s’interrompre tant les sanglots éclataient avec force. La confiance qu’il inspirait était universelle : les peuples, les prélats et les souverains recoururent plus d’une fois à ses conseils. En 1412 il fut délégué par les états de Valence pour concourir à l’élection d’un successeur à la couronne d’Aragon ; son choix tomba sur Ferdinand de Castille, et il parvint à le faire agréer. Consulté par le concile de Constance, en 1415, sur le moyen le plus convenable de mettre fin au schisme, il proposa de déposer les trois pontifes qui se disputaient la tiare, et quand cet acte fut accompli, malgré son amitié pour Benoît XIII, son compatriote et son bienfaiteur, il se déclara pour Martin V. En 1417, Jean V, duc de Bretagne, l’appela dans ses États. A la nouvelle de son approche, le duc et toute sa maison se portèrent au-devant de lui et l’amenèrent à Vannes en triomphe. Vincent Ferrier mourut dans cette ville, à l’âge de soixante-quatre ans ; il y fut inhumé, dans une chapelle élevée derrière le chœur de la cathédrale. Calixte III le canonisa le 29 juin 1455 ; cependant la bulle de sa canonisation ne fut publiée que le ler octobre 1458. Outre trois vol. de Sermons et de Lettres (Lyon, 1530, in-8o, et 1539, 1550, in-4o ; Anvers, 1569 ; Venise, 1573, in-8o), on a de lui plusieurs traités, parmi lesquels nous citerons : De vita spirituali (Venise, 1568, in-16). De fine mundi, Stippositionum liber, De sacrificio missæ, Tractatus consolationis in fidei tentationibus. Les œuvres complètes de saint Vincent furent publiées à Valence, 1591, in-4o, et plusieurs de ses manuscrits sont conservés dans la bibliothèque Vaticane.

Touron, Hist. des hommes ill. de Saint-Dominique. — N. Antonio, Bibl. hisp. vetus. — Echard et Quétif, Bibl. ord. prædicat., t. Ier — Coelho, Hist. da vida de S. Vinc. Ferreri ; Lisbonne, 1713, in-4o. — Ferrarini, Ragguaglio istorico della vita di S. Vinc. Ferreri ; Milan, 1732, in-4o. — Fuest, Vie de S. Vinc. Ferrer, (en hongrois) ; OEdembourg, 1749, in-4o. - Heller, V. Ferrer, nach semen Leben und Wirken ; Berlin, 1830, in-8o.

VINCENT DEPAUL ([1]) (Saint), né le 24 avril 1576, au village de Pouy ([2]), près Dax, mort le 27 septembre 1660, à Paris. Son père, Guillaume, avait six enfants, qu’il élevait dans les travaux de la vie champêtre, et qui cultivaient avec lui un petit bien non loin des Pyrénées. Les premières années de Vincent se passèrent à garder les troupeaux de son père, qui, reconnaissant en

  1. (1) Toutes les signatures authentiques du saint portent ce nom écrit en un seul mot.
  2. (2) Appelé Saint-Vincent de Paul par ord. du 3 déc. 1828.
8.