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1019 ZOROASÏRE — ZORRILLA 1020.

cipes n’ont pas de précédents, seulement Ormuzd doit remporter à la longue, « car il est le véritable créateur de la pureté, le seigneur réel du monde ». En attendant la victoire finale, une lutte acharnée se poursuit entre le bien et le mal. Ormuzd a créé toutes les choses parfaites. Ahriman pénètre dans cette œuvre pour la bouleverser ; il y jette l’hiver, les mauvaises pensées et les mauvaises actions, la paresse, la pauvreté, la maladie, la mort, les animaux destructeurs, les plantes nuisibles. Dans cette lutte le bien a pour auxiliaires les Izeds, ayant à leur tête les sept Amschaspands (les saints immortels) dont Ormuzd est le premier, et les Fravaschis ou Ferouers, esprits purs, qui sont les génies des hommes sages et des animaux utiles ; c’est avec l’aide et sous la direction de cette milice céleste que les hommes luttent contre l’armée du mal. Celle-ci se compose de l’innombrable milice des Daêvas avec sept chefs, dont Ahriman est le premier ; elle est assistée par tous les êtres malfaisants, hommes, animaux, plantes, tous enfants d’Ahriman. Zoroastre enseigne aux hommes comment ils peuvent combattre le mal et contribuer au triomphe du bien. Il leur recommande surtout l’agriculture, parce qu’elle met en fuite les Daêvas, favorise les bonnes mœurs. Le Yaçna et le Vendidad abondent en préceptes d’une morale excellente. Zoroastre prescrit la prière, mais il prescrit aussi le travail, car la vie est un combat, et « un long sommeil ne convient pas à l’homme ». Après la lutte il trouvera le repos et la récompense dans la vie immortelle. Les âmes pures « vont auprès d’Ormuzd, vers les trônes d’or des Amschaspands, dans Garo-nemâna, qui est la demeure d’Ormuzd ». Le méchant est précipité dans les ténèbres. Il n’y restera pas éternellement ; car une doctrine qui se développa plus tard, mais qu’on trouve en germe chez Zoroastre, nous montre Ahriman et sa milice infernale vaincus et repentants, chantant l’Avesta, c’est-à-dire la loi d’Ormuzd. Ainsi la conception religieuse et morale de Zoroastre aboutit à l’accord général de tous les êtres, dieux et hommes, se réconciliant dans. l’adoration du bien.

Le culte établi par Zoroastre était très-simple et spiritualiste comme la pensée même qui avait présidé à sa réforme religieuse. Il repoussait avec horreur les représentations figurées de la divinité ; le principal symbole sous lequel il l’adorait était le feu conservé au foyer de chaque maison, et aussi le feu qui brille dans le ciel, le soleil, Mithra. Le culte du feu et de Mithra prit dans le mazdéisme un développement qui en cacha la signification primitive et lui donna une apparence polythéistique tout à fait étrangère à l’Avesta.

Le mazdéisme de Zoroastre, devenu la loi religieuse des Médo-Perses, était déjà profondément modifié et altéré sous les Achéménides. Sous la domination des Macédoniens et des Parthes, il exerça et subit des influences qui le mêlèrent aux religions, aux superstitions, aux philosophies des peuples situés à l’ouest de l’Euphrate ; c’est la période du magisme ; elle ne saurait nous arrêter, et c’est dans une histoire de l’école d’Alexandrie, ou du manichéisme, qu’il conviendrait d’en parler plutôt que dans une biographie de Zoroastre. La restauration du mazdéisme par Ardeschir Bahekan, fondateur de la dynastie des Sassanides, ne lui rendit pas sa pureté primitive et ne lui assura qu’une domination passagère. Il succomba devant l’islamisme. Quoique vaincu sans retour, il garde encore en Perse et dans l’Inde quelques obscurs fidèles, et c’est grâce à ces pieux dépositaires des vieilles croyances et des livres sacrés de la bactriane qu’il nous a été donné de connaître une des plus nobles et des plus pures religions de l’antiquité.

Léo Joubert.

Bayle, Dict. hist. et crit. — Hyde, Veterum Persarum et Magorum religionis historia. — Prideaux. Connection of the history of the Old and New Testament. — Beausobre, Hist. du manichéisme. — Anquetil-Duperron, Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre, trad. en français sur l’original zend ; Paris, I771, 3 vol. in-4o. — Kleuker, Zendavesta. — Eng. Burnouf, Commentaire sur le Yaçna ; Paris, 1333-35, in-8o. — Etudes sur la langue et les textes zends, dans le Journal asiatique, et réimpr. à Paris, 1850, in-8o. — Silvestre de Sacy, Mémoires sur diverses antiquités de la Perse. — Rhode, Die heilige Sage der alten Baktren, Meden und Person. — Westergaard, Zend-Avesta interpreted ; Copenhague, 1852, in-4o. — Lassen, Indische Alterthumkunde, t. I. — Haug, Die Gathâs Zarathustra’s ; et Ueber die pehlewisprache und den Bundehesch. — Spiegel, Avesta, Die heilige Schriften der Parsen aus dem Grundtexte übersetzt. — Westgaard, Boundehesch. — Jean Reynaud, Zoroastre, dans l’Encyclopédie nouvelle. — M. Nicolas, Le Parsisme, dans la Revue germanique, t. vii et viii}, ann. 1859. — H.-G. Schneider, Diss. iii de nomine et vita Zoroastris ; Wittemberg, 1707-08, in-4o. — De Bock, Mém. hist. sur Zoroastre et Confucius ; Halle, 1787, in-8o. — De Pastoret, Zoroastre, Confucius et Mahomet ; Paris, 1787, in-8o. — Hœlty, Zoroaster und sein Zeitalter ; Lunebourg, 1836, ii-8o. — Ménant, Zoroastre, essai sur la philos. religieuse de la Perse ; Paris, 1844, in-8o.

* ZORRILLA (José), poète espagnol, né à Valladolid, né le 21 février 1817. Son enfance s’écoula dans la maison de son père, qui occupa des fonctions importantes dans la magistrature. Après avoir fait ses études classiques au collège des nobles de Madrid, il fut envoyé à Tolède, puis à Valladolid, pour y suivre les cours de droit ; mais en réalité il passa la plus grande partie de son temps à rêver, à lire Chateaubriand, la Bible et Lamartine, et à faire des vers. Sa première poésie, intitulée Elvire, fut insérée dans le journal l’Artiste, de Valladolid (1836). En apprenant le mécontentement de son père, qui dans sa colère menaçait de le faire enfermer, il n’osa pas se représenter devant lui, et s’enfuit à Madrid. Là il eut à employer maint déguisement pour éviter d’être reconnu. Dix mois s’écoulèrent durant lesquels il fit le dur apprentissage de la vie. Une circonstance vint à son secours. Larra venait de sortir de la vie par un suicide, à peine âgé de vingt-huit ans. Ses amis, par la bouche de Roca de Togores, lui payaient